Les costumes des habitants des campagnes continuent à susciter la curiosité des voyageurs.

« L’habillement de la classe agricole de ce département se compose ordinairement d’une veste, un gilet et une culotte de drap ou en velours vert foncé. Ils ceignent le bas de leur ventre avec une bande très large de serge bleue ou rouge, qui fait plusieurs tours. Ils couvrent volontiers leur tète d’un bonnet de laine rouge, qui tombe à la hauteur des épaules, et même plus bas : toutefois le chapeau est adopté, mais les jours de fête et dans la plaine seulement ; ils portent des souliers ou bien des aspardaignes, ou espardaignes, chaussures en corde, dont les cordons s’attachent autour de la jambe comme un cothurne. Le costume des femmes consiste en jupons courts de cotonnade ou de laine, et corset ou camisole à manches étroites, un fichu croisé sur le corset, une coiffe sous laquelle les cheveux sont cachés; elles portent par dessus un capuchon (lou capoutchou) de laine ou de basin tombant jusqu’à la ceinture, elles sont chaussées de bas de laine ou de fil, et portent des souliers[1]. »

Dans un autre récit quasi contemporain, nous retrouvons des indications similaires.

«Les hommes ont un long bonnet rouge pendant derrière le dos, une veste courte, une ceinture rouge tournant plusieurs fois autour des reins, un large pantalon flottant, des souliers ou des espadrilles complètent leur costume[2]. » En 1833, Abel Hugo indique que certaines Catalanes portent en guise de coiffe la résille sous le fichu. Elles « ont pour coiffure un mouchoir qui, étendu comme un voile sur le derrière de la tête, s’attache par les deux bouts sous le menton. Un nœud de ruban noir recouvre avec grâce le front. Leur ceinture est fortement serrée par un corset lacé sur le devant. Elles ont une jupe courte à plis amples et multiples qui laisse voir des bas de couleur soigneusement tirés.

A la mauvaise saison, les Roussillonnaises portent un léger capuchon qu’elles replient carrément sur leur tète lorsqu’elles sont embarrassées. Les espadrilles lacées  à la manière antique » sont constituées de spart tressé. Cette description fut toutefois décriées dans le journal local : «Et dans son paragraphe où il traite des costumes, vous ne savez pas, non plus, messieurs, que de son autorité privée, il habille les hommes et les femmes de tout le département avec le costume des habitants de la Cerdagne française ?

C’est à mourir de rire. Et le costume dit à la Catalane ? M. A.Hugo, vous n’en parlez pas ? Ignorez vous qu’il est très joli, très piquant, très pittoresque ?

Lorsqu’on s’avise d’écrire l’histoire d’un peuple connu, il ne faut pas faire de pareilles fautes[3]

En effet, Abel Hugo décrit un costume de Cerdanyole et non de Roussillonnaise !


[1]          Girault de Saint-Fargeau, (E.),  Guide pittoresque du voyageur en France, contenant la statistique, 1838, p.74.

[2]              Hugo, A., France pittoresque, Pyrénées-Orientales, 1833, p.26-27.

[3]              Le Publicateur, 1834, p.42-43.