Association ethnographique

Catégorie : les années folles (1925-1939)

Une très belle évocation pour le centenaire de la Font del Gat de Perpignan

Ces vendredi 20 et samedi 21 août, le Temps du Costume Roussillonnais a fêté le centenaire de la Font del Gat de Perpignan, emblématique guinguette et fabrique des limonades du même nom. Quelques images de ce superbe événement !

Conférence de Sylvain Chevauché au Dali Hôtel.
Plus de 60 personnes étaient réunies pour suivre la conférence.
Une partie de l’exposition de peintures du Roussillon des années 20 et 30.
Inauguration de l’exposition avec les élus.
Le bal catalan avec la cobla Mil.lenaria
Une partie des personnes costumées pour l’occasion.
Visite guidée du quartier Art déco par Philippe Latger

La Font del Gat de Perpignan : une histoire retrouvée…

« La Font del Gat » fut, de sa création en 1921 à sa fermeture en 1962, un café emblématique du Perpignan des Années folles et de l’après-guerre.

Il fut fondé par Justin Patrouix, qui exerçait depuis 1890 à Perpignan comme fabricant de boissons gazeuses. Il vient s’établir au cœur du nouveau quartier des Platanes tout juste créé par la destruction des remparts de la ville : au n°18 du boulevard Jean Bourrat, à l’emplacement de ce qui fut par la suite le « Park Hôtel – Restaurant Le Chapon Fin » et aujourd’hui l’hôtel « Campanile Perpignan Centre ».

Ce quartier devint rapidement un lieu de sociabilité. Le square était le siège de rallyes automobiles, le rendez-vous de promenade des familles et de amourettes des jeunes gens. Naturellement, « La Font del Gat » s’imposa comme rendez-vous naturel de ces divers publics. Un « club bouliste de La Font del Gat » fut même créé pour accompagner ces réjouissances.

Le rendez-vous des artistes : Les frères et sœurs Bausil (la maison du peintre Louis était située immédiatement au-dessus des escaliers monumentaux de la place Molière) y prirent leurs habitudes. Se jouèrent ainsi les premiers chapitres de la relation d’Albert Bausil avec le jeune Charles Trénet, qu’il initia à l’art et à la poésie. Charles Trénet restera toujours fidèle à cette adresse. Ici aussi le peintre André Fons-Godail, fidèle ami de la famille Patrouix, avait pension complète. Ce fut en son honneur que Trénet composa l’une de ses chansons les plus méconnues : « Fons-Godail ». Le peintre immortalisa d’ailleurs les abords de l’établissement et tous les abords du square jusqu’au hameau de Château-Roussillon.

Haut lieu de la Résistance : Pendant la Seconde guerre mondiale, sous la houlette d’Antoine et Madeleine Patrouix, figures actives du réseau « Bourgogne » aux côtés de Jean Olibo, « La Font del Gat » fut un des hauts lieux de la résistance perpignanaise : alors qu’au café rien ne transparaissait et que, parfois, des Allemands pouvaient être servis au comptoir, dans les chambres de l’hôtel était caché le Grand Rabbin de Hongrie et, dans les caves, des pilotes américains.

En 1954, le jeune fils de la famille, Fernand Patrouix, élève des Beaux-Arts de Paris, réalisa avec son camarade Henri Van Moë, dans la salle de l’établissement, une grande fresque consacrée au Roussillon et à ses coutumes : on y voyait des Catalans buvant au porró, un ermite et sa capelleta, des jeunes gens à baratine et à coiffe catalane dansant la sardane, sur un fond où se détachait le clocher de Saint-Jacques et le Castillet. Cette fresque a malheureusement disparu avec l’ancien bâtiment après la fermeture en 1962.

Le Temps du Costume Roussillonnais vient de ranimer les 20 et 21 aout 2021 le souvenir de ce lieu important pour la mémoire des Perpignanais.

Gitans de Perpignan à l’entre-deux guerres.

En 1932, un article du journal local fournit une description des gitans de Perpignan :

« Il en est qu’on distingue à peine de la masse des perpignanais : leur coquetterie un peu voyante parait celle de méridionaux accentués et il faut remarquer le teint mat des femmes, les cheveux brillants des hommes, et leurs yeux noirs pour les rattacher aux nomades qu’ils ont cessés d’être. »

« ce sont les femmes surtout qui mettent dans nos rues le pittoresque de leur type. On les rencontre par groupes, vendant des corbeilles d’osier blanc ou des dentelles grossières dans un panier de jonc. Autour du marché elles offrent des boules de bleu, des aiguilles ou promènent  une pelote de paille sur laquelle elles ont piqué des fleurs de couleur.

Jeunes, sur leur profil pur, souvent d’une beauté piquante, plaquent les ondes de leurs cheveux de jais que retiennent des peignes rouges. Un corsage clair, une jupe largement étoffée, un fichu croisé passé dans la taille, elles ont une démarche souple et une démarche nonchalante[1]. »


[1] Les gitanes, croquis perpignanais, l’Indépendant, février 1932.