Association ethnographique

Catégorie : Régionalisme Folklore

Projet de publication : LA COIFFE CATALANE

Aujourd’hui, nous vous présentons notre projet en cours : la publication d’un véritable ouvrage d’art sur l’histoire de la coiffe catalane portée en Roussillon.

🗝 Écrit par l’historien Laurent Fonquernie, spécialiste du costume historique en Roussillon, cet ouvrage constituera le premier livre de référence sur cet élément phare du costume catalan. Portée par les femmes du Roussillon, la coiffe catalane fait partie de notre patrimoine.

🔔 Mais nous avons besoin de votre soutien pour pouvoir publier ce livre, vous participerez à mieux faire connaître ce qu’a été la coiffe catalane pour notre territoire !

Vous pouvez faire un pré achat sur la plateforme HelloAsso. le livre est à 30€ au lieu de 35€ dès parution à la Sant Jordi 2024 en avril.

Merci d’avance pour votre soutien.

Patrimoine musical retrouvé.

Le Temps du Costume Roussillonnais se dédie à retrouver le patrimoine roussillonnis en matière d’habillement populaire. Cette année il innove en retrouvant quelques morceaux choisis et oubliés de notre patrimoine musical.

Profitant de la cérémonie du jeudi saint à la cathédrale d’Elne, Leslie Malet Salvador va interprétére au flaviol et tambourin l’ORACIO DE L’HORT, goigs de la passion répertorié dans l’ouvrage « Goigs del Rossello » de J. Deloncle.

Ce morceau généralement chanté lors des processions pouvait aussi être interprété par les Jotglars qui accompagnaient ces cortèges. Nous retrouvons des musiciens dans la fameuse gravure de Carrère montrant le déroulé de la procession de la sanch de Perpignan en 1787.

A la fin de la communion, place au chant.

Créé en 1924 par Josep CASTELLA i ROGER (1883-1948), le LAI A LA VIERGE DES DOULEURS résonnait à nouveau sous les voutes de la cathédrale d’Elne. Cette oeuvre poignante fut composée sous l’épiscopat de Jules Carsalade du Pont. Elle est dédiée au chanoine Pierre Patau (1864-1941), alors vicaire général. Castellà Roger était alors curé de Conat.

L’Àvia

Statue de Gustave VIOLET, l’Àvia ou Tradicio Catalana.


A l’amic Gustau Violet
per sa terrissa tan bella !


Un sol ponent de juny tot lo campestre abrasa
De la lluna ja puja el platejant creixent,
Sus la cadira baixa, al llindar de la casa,
L’avia es assentada i s’espia la gent.
No porta més, temps ha, la punta ramejada
Qui dels cabells mes fosca feya la foscor ;
De sa testa, que nonante anys han enneveda,
Ab un mocador negre amaga la blancor.
La robe de color s’està dintre l’armàri
Ab las joies de festa : es vestida de dol,
Tants n’ha perduts d’aymats, de calvàri en calvàri !
L’home, lo fill, la nora, los nets !… Un fillol.
Ni un plech no se mou de sa cara arrugada,
Impassible com si fus de cera. Hi passà
Ses urpas la dolor tanta y tanta vegada,
Que res, sembla, no si pot veurer desençà,
Pero, de quant en quant, s’aixeca sa parpella ;
De sa nina entelada un foc sall com un llamp ;
Es desperta de repent son ànima de vella.
Veient dels passats dies l’anyorat eixam.
Noyeta, amb la canàlla viva, què joguines !
Que rialles i crits quan se feien a Fet
O a Tritis, amb los minyons i amb les nines,
O a Matzana, o a correr quan feia fret !
Pels prats de vellut vert tothom se bolodava,
Anavan a cullir maduixes pel boscam
I gerços, a robar fruita que madurava,
A agafar lluerts, i nius dintre el fullam.
« Que venen, los fadrins, a portar la cistella
« Al vigili de Pasqües, tot cantant los Goigs ?
« Per sant Joan, que va a cullir la rossella
« Y la margaridoia ab rialles de boigs ?
« Qui té set no sab més beure à la regalada
« Ab lo càntir o lo porró : se busca un got !
« Lo vi de Rosselló ; nostra sang perfumada
« Torna-se xuch de mores : ranciejar no pot !
« Qui’n sab de català, la llengua tan hermosa :
« O parlar sant dels vells, que per sempre t’has mort :
« Dels fills nostres los fills t’han posat una llosa ;
« Llur llengua no es catalana : és parlar bort !
Y la vella es callà, somiant. Sa mirada
De cap à cap va córrer per tot l’horitzó,
Des del mar blavejant fins la serra enlairade
I, sopte, se posà sul nevat Canigó.
Lo Geni Català viu adins mes entranyes
« Y ses ales immarceibles fan obrir
« Eixos nous-Catalans que refilen Montanyes »
Y la vella se posa : « Ara me puc morir ! »


Paris, dia 26 de juny de 1910. L’ Ermita de Cabrenç (Emili Boix)

Spectacle hommage à Gustave Violet (1873-1952), artiste majeur du Roussillon.

Ce 11 novembre 2021 une vingtaine de personnes de l’association ont revêtu des costumes populaires hivernaux, pour jouer le spectacle  « Gustave Violet, artiste majeur du Roussillon » sur la scène du palais des Congrès de Tautavel.

Nous étions invités par la municipalité à présenter ce spectacle, à l’occasion de la journée nationale de commémoration de la Victoire et de la Paix de la Grande Guerre de 14-18.  

En supplément, « L’offrande à nos morts », un long poème de Josep Sebastia Pons a été lu, en catalan et en français, pour clôturer cet hommage aux 8600 roussillonnais morts pour la France.

L’âme roussillonnaise, conférence de Jean Amade

Conférence de M. Jean Amade, professeur au Lycée de Montpellier sur l’Ame roussillonnaise. Interprétation de Lo cant del Vallespir. Grand Théâtre de Perpignan. Dimanche 22 décembre 1912, à 16 heures 

Notre ami M. Jean Amade a donné, le dimanche 22 décembre dernier, au théâtre de Perpignan et sous les auspices de l’Association polytechnique, une conférence sur l’Ame roussillonnaise, au cours de laquelle a été interprété Lo Cant del Vallespir, dont nous avions parlé ici même lors des belles fêtes de Céret en juillet 1911. Une heure avant la conférence, la salle se trouvait déjà tellement pleine qu’il devenait impossible d’entrer : les couloirs eux- mêmes étaient inaccessibles, ainsi que les coulisses. Jamais, croyons-nous, on n’avait vu tant de monde à une conférence. Nous nous en réjouissons de tout cœur, car cette conférence fut une véritable manifestation catalane. Y a-t-il une âme roussillonnaise et quelles en sont les manifestations ou expressions ? Comment pouvons-nous contribuer à la maintenir toujours aussi vivante et agissante ? Tel était le sujet que devait traiter M. Jean Amade. Le conférencier montra que cette âme se personnifiait dans la race, dont les caractères expriment les tendances principales de l’âme roussillonnaise, et indiqua par quels moyens on pouvait conserver à notre race toutes ses vertus propres : éducation morale, éducation physique. Puis il marqua nettement les rapports très étroits qui unissent notre race, et par conséquent l’âme roussillonnaise, à la terre, au paysage, invitant ses compatriotes à garder aussi intimes et constants ces liens précieux qui sont pour nous comme une sauvegarde et une garantie.

Mais c’est peut-être surtout par la langue que se traduit le mieux l’âme de notre race, et c’est en elle qu’on la sent le mieux palpiter : cultivons donc cette langue avec amour, ne la laissons pas se perdre, et luttons pour elle sans défaillance. D’autre part, c’est par la tradition que l’âme d’un pays se transmet et se prolonge : développons par conséquent en nous, autour de nous, le respect de la tradition, utilisant même pour elle les forces nouvelles qui, au premier abord, semblent la combattre. Enfin, puisque le folklore est une matérialisation populaire, si l’on peut dire, de l’âme régionale, tournons vers lui notre attention et faisons-le entrer dans notre vie quotidienne ; c’est un pieux et agréable devoir. M. Jean Amade a dit un mot, en passant, de l’art sous ses différentes formes, mais sans y insister parce qu’il avait déjà fait, il y a quelques années, une conférence sur l’art catalan. I1 agrémenta sa conférence sur l’âme roussillonnaise par des récitations ou lectures de certains poèmes, comme lo Gall de Santjoan d’Oun Tal, qui obtint un vif succès, Aniversari du Pastorellet de la Vall d’Arles et Ayres de Nadal de Joseph-Sebastià Pons, qui furent accueillis l’un et l’autre avec des applaudissements chaleureux par l’auditoire.

En terminant, notre ami dit que, dans la France entière, se produit un admirable réveil des forces régionales, et que l’idée régionaliste fait chaque jour de grands progrès dans tous les esprits. Rien ne découragera, d’ailleurs, les ardents patriotes qui ont entrepris de donner un sang nouveau à la nation. Le public, qui avait écouté avec une attention et un intérêt soutenus toute la conférence, dont nous ne pouvons donner malheureusement qu’une idée bien incomplète, salua les dernières et si énergiques paroles de M. Jean Amade par une longue et enthousiaste ovation, montrant par là qu’il approuvait les nobles idées développées avec clarté et défendues avec éloquence par notre vaillant ami, dont l’infatigable persévérance ne connaît pas d’obstacles et trouve toujours des raisons nouvelles de se multiplier. Nous ne dirons qu’un mot de l’exécution du Cant del Vallespir.

Elle fut parfaite, elle fut admirable. Cette merveilleuse cantate du jeune maître M. Déodat de Sévérac est un chef-d’œuvre digne de rester. Nous avons passé, en l’entendant, des minutes délicieuses, inoubliables ; nous aurions voulu l’entendre une fois encore, l’entendre longtemps, avec ses phrases passionnées, colorées, émouvantes, où semblait chanter et se plaindre toute la terre de Roussillon. Une centaine de choristes et de musiciens, venus de Céret, les damés en bonnet catalan et les hommes en barretina, (l’ensemble étant dirigé par M. Louis Roque, directeur de l’Harmonie du Vallespir, qui prêtait aussi son concours), tels furent les héros, on peut bien le dire, de cette magnifique manifestation, qui obtint auprès du public un immense succès.

Après la cantate, les mêmes artistes interprétèrent Montanyes Regalades, sous la direction de M. Adrien Amade, père du conférencier. Ce fut également un triomphe. Félicitons le ténor Rancourt, qui nous fit si bien comprendre la poésie de cette vieille mélopée. Mais félicitons surtout Madame Sors et Monsieur Henri Sabaté, qui chantèrent avec tant d’âme les soli de la cantate. En résumé, nous devons être contents et fiers de la superbe fête catalane du 12 décembre. Elle comptera certainement dans l’histoire de la Renaissance roussillonnaise. Et tout cela ne peut que réjouir le cœur des bons Catalans du Roussillon.

Louis Pastre.

La Duchesse de Berry et la chanson populaire La Bepa.

Bien connue en Roussillon, la chanson catalane « la Bepa » fut utilisée par les royalistes locaux comme hymne afin de glorifier la duchesse de Berry. On retrouve dans les paroles un sens politique, notamment dans l’usage du tablier que la Bépa ne cesse de laver.

« La «bépa», c’était la duchesse de Berry, qui, à leur grès, n’agissait pas assez vite et perdait un temps précieux. Mais où est-elle ? Mais que fait-elle ? Et l’on consolait aussitôt ces impatients en répondant : Elle est à la rivière, elle lave le tablier !

Ce tablier, c’était le drapeau tricolore qu’il fallait laver, c’est-à-dire qu’il fallait faire disparaître le rouge et le bleu, pour n’y laisser que le blanc, avec les fleurs de lys, bien entendu. Et le refrain s’en expliquait assez : flors de liri, lliri, flor de lliri blanch[1]»


[1]              Amade, (J.), Mélanges de folklore, 1935, p.138. Amade cite Rodolphe Bonet, avocat à Céret.