Le règne de Louis-Philippe est propice à un nouvel engouement pour la mode. Ce thème apparaît dans la presse comme une considération sur le bon goût. Mais comment arriver à cet état ? La recette est parue dans le Publicateur à l’adresse des hommes.

Daguerréotype, Perpignan, vers 1840.

« Observez les femmes, professeurs émérites en fait de tact et de convenances. Adaptez votre manière d’être à leurs goûts, à leurs préférences. Leur organisation est si complète, il y a dans leurs impressions tant de délicatesse et de mobilité, qu’elles devinent et saisissent en quelques heures ce qui nous coûterait à nous de longues années d’efforts et d’études.

La mode est leur premier besoin, leur vie, leur avenir, leur bonheur se résument dans cette pensée : charmer et séduire. Aussi voyez comme cette pensée se reflète dans les nuances variables et fugitives de la mode, tour à tour nœud de ruban, gaze légère, couleur tendre, manche à gigot, corsage à la Marie Stuart.

Elle se forme en longue tresse de cheveux, en guirlandes de fleurs, en bibi, en manchon, en boa. La parure d’une femme contient plus d’idée que le plus gros livre. Elle a son langage à elle, langage mystérieux et poétique que l’homme de tact est seul habile à saisir. Soyez homme de tact et vous serez homme à la mode[1]. »

Perpignan est la capitale roussillonnaise de la Mode. Le quincaillier Périco-Anglade, à la rue Saint-Sauveur (actuelle sur Émile Zola) possède le meilleur assortiment de peignes ajourés, du cirage Jacquand de Lyon, cirage breveté par le Roi. Il vend aussi du parfum, des gants de fil d’écosse et de soie, et fait venir de Paris un élixir appelé « le trésor de la bouche », onguent qui permet de conserver à cet organe toute sa fraicheur[2].

Les liens avec la capitale permettent d’avoir en boutiques des articles tels que des cosmétiques pour la chevelure telles ces huiles antiques et de graisse d’ours, de véritables savons de Naples pour la barbe, des eaux de Cologne et de lavande ambrée. On y tient aussi salon pour la coupe des cheveux. On trouve chez madame Bissière, les gants à la dernière mode comme les demi-gants longs pour bal, mais aussi des peignes à jours et unis, évidemment dans le dernier genre ! On peut aussi s’y parfumer et trouver tous les accessoires pour la coiffure[3].

Parmi les nombreux tailleurs d’habits de la ville, un certain Lieutaud, sur la place d’Arme, s’est spécialisé dans l’entretien et le dégraissage de toute sorte d’habillement. Son procédé nouveau les rend comme neuf. Il réuni donc deux états, celui de tailleur et celui de dégraisseur. Associé avec un certain Trompillon, teinturier arrivant de Paris, ils s’installent dès 1834 en rez-de-chaussée de l’immeuble Méric, au 3 rue Saint Jean. Cette teinturerie fine permet « de conserver les fleurs sur les châles brochés et imprimés, et de proposer un très beau noir-bleu pour le deuil ».

La rue des Marchands (qui allait de la Loge à la rue de l’Argenterie) est l’une des principales rues dédiées à la mode. Combes y propose « des escarpins indiens en veau blancs et noirs et toute sorte de chaussures ». Au numéro 3, la Maison Rauzy expose des gilets en « cachemire à schall, d’autres dans les plus nouveaux dessins ainsi que des habits et redingotes[4] ».

Homme assis, AD66.

Le chapelier Casimir Vidal Jeune, au numéro 15[5], est remplacé en 1846 par l’enseigne Delmas et Cie, dont la fabrique se situe au 12 rue des Cardeurs. Cette maison est spécialisée dans « les chapeaux de soie et de tissus ainsi que dans leur remise à neuf ». La marchande de mode Camille Méry, rue de la Halle au Blé, arrête son activité en 1846 en soldant « chapeaux avec plumes, à fleur, caprices en dentelle noire, pèlerines brodées, bonnets brodés, bonnets à fleurs, cravates pour hommes et autres rubans[6]».


[1]              Le Publicateur, 1834, « De la mode », p.154.

[2]              JPO, 1833.

[3]              Idem.

[4]              Idem.

[5]              Il cesse son activité, JPO, 1846.

[6]              JPO, 1846.