La Loge de Mer de Perpignan par Diodore Rahoult.

La maison Terme, 12 rue des Trois Journées, indique des arrivages parisiens, en habits confectionnés pour enfants, des rouenneries, des indiennes, des mouchoirs de nez de Cholet et Rouen, mérinos, alepines, ainsi que des draps. L’industrie parisienne s’impose dans un système de production de masse alimentant les magasins de province les plus éloignés.

En 1846, une annonce des 100 000 paletots indique : «Le gérant de la maison prévient le public qu’il arrive de Paris, avec un assortiment de marchandises de tout genre. Ayant passé plusieurs mois à la capitale pour faire confectionner les articles les plus nouveaux pour la jeunesse élégante de cette ville : coupe nouvelle de paletots, gilets à la Louis XV[1] ».

Ce circuit concerne aussi les fabrications en petites séries, comme les chapeaux pour femmes qu’il convient de ne jamais avoir en double dans une ville aussi petite. Aucune Catalane ne supporterait de croiser en ville une capote identique à la sienne !

Des lyonnais s’installent peu de temps rue de la Préfecture, à l’enseigne du Coq Hardi. Ils ne conservent pas ce comptoir, qu’ils soldent en 1846. On y trouvait des indiennes de Mulhouse, des foulards de soie, des fichus, châles, soieries, mousselines de laine, des textiles d’ameublement et madapolams.

Des boutiques s’ouvrent en étage, tel au premier de la Maison Argiot place de la Liberté (actuelle place de la République), où M. P. Folquet propose aux élégantes un joli assortiment d’étoffes nouvelles. « Pour pouvoir vendre très bon marché, il est urgent de faire peu de frais de magasin, c’est par cette raison qu’un premier étage est préférable. M.Folquet est actuellement en fabrique pour les achats. »

Les boutiquiers de Perpignan vont directement négocier les prix dans les usines textiles, fussent-elles éloignées, plutôt que de faire confiance aux démarcheurs. Folquet étend son activité et finit par investir le rez-de-chaussée de la Maison Argiot avec des «draperies du Midi et du Nord, estams, castreize, ou sarguils, auxquels il a adjoint un très grand assortiment d’articles de Reims, Amiens, Paris, Mulhouse, Flers, Villefranche, avec des mérinos, des napolitaines, des cachemires d’Écosse, châles, percales, calicots, indiennes, velours, moletons et flanelles.»

Les couturières sont les plus au faîte de la mode. Les sœurs Antoinette et Anne Pairi participent en 1839 à l’exposition des produits de l’Industrie à Paris. Elles y présentent «une robe de femme sans couture, garnie de dentelles catalanes, fond rayé avec bordure riche, et un bonnet de dentelle de la même fabrication. L’exécution de ces objets fut jugée parfaite et le dessin de bon goût[2]».


[1]              JPO, 1846.

[2]          Exposition de l’Industrie française, rapport du jury central en 1839, Paris, p. 348.