Portrait de Perpétue de Llucia, Col. part. Millas.

Sous la Monarchie de juillet, Boniface de Castellane(1788-1862) qui a participé comme colonel de hussards à l’expédition d’Espagne(1823) est nommé maréchal de camp, à Perpignan en 1833. En 1837, nommé lieutenant-général, il prend à nouveau le commandement de la division de Perpignan de 1838 à 1847.

«Je comptais rester à l’Hôtel de l’Europe, ne pensant pas séjourner plus d’un mois à Perpignan, le mois changea en quatorze ans. Il en est ainsi souvent des prévisions humaines[1].»

La période est alors très tendue, ce qui n’empêche pas le général d’organiser son premier bal, «où avec les deux cents officiers de la garnison, il y avait quatre cent personnes. On a compté quarante six femmes, et on dit que c’est énorme pour un premier bal. On prétend que j’ai fait un tour de force à Perpignan, parce qu’il y avait des gens de toute opinion[2].»

L’émulation pour ces bals privés impulse  à Perpignan une période faste. Le préfet lui-même organise chaque année son propre bal. Celui de 1834 compta quatre cent personnes. Celui de 1835, organisé par Castellane dans son nouveau logis de la rue Mailly, n’en compta que trois cent à cause de la pluie battante, et seulement cinquante femmes.

Lors d’un autre bal, Castellane remarque : «On s’étonne que, dans une ville de dix huit mille âmes, on puisse réunir autant de jolies femmes mises avec recherche. Les Roussillonnaises ont généralement de la grâce. Elles sont surtout remarquables par leurs yeux noirs, beaux et vifs».

Cette élite féminine issue de la bourgeoisie commerçante, de la noblesse ou du commandement militaire, fait et défait la mode à Perpignan. En 1842, un grand bal costumé fut l’occasion de réunir dans l’un des hôtels particuliers de la ville, plus de cinq cent personnes. Les femmes ont rivalisé entre elles à qui aurait le plus beau costume. Castellane indique dans ses mémoires :«Chacun est d’accord pour dire que c’est le plus beau bal de particuliers qu’on eût vu ici ; le fait est qu’à Paris, je n’ai jamais vu de bal costumé plus beau».


[1]              Rouffiandis, (L.), Le général de Castellane à Perpignan, SASL des PO, 1956, p.127-157.

[2]              Idem, p.136.