Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et dans les départements adjacents, d’après les dessins de M. Meeling, Paris chez Treuttel et Würtz, 1826-1830

En 1825, «le jour de la fête de saint Christophe, les danses catalanes, qui ont lieu à Perpignan chaque années, pendant toute la belle saison, ont été ouvertes au Vernet. Mr Henry, bibliothécaire de la Ville, a publié une brochure fort curieuse sur ces danses[1]

Ces danses sont à la fois des réjouissances mais aussi l’occasion pour les jeunes gens de se mesurer entre eux.

A cette même fête, « une vive querelle engagée par des amateurs, et dans laquelle des coups de poings ont été généreusement échangés, a clôturé les danses catalanes qui avaient été ouvertes au Vernet[2]

A Céret, les festivités durent les trois derniers jours de juillet, avec des danses publiques, de brillantes courses de taureaux, avec «des animaux vigoureux de la plus belle espèce, et pour entourer cet événement, toute la pompe dont il est susceptible. Les musiciens seront aussi du meilleurs choix, tous les amusements seront publics et gratuits[3]

Ces réjouissances populaires traduisent un fort caractère catalan et ou hommes et femmes font des efforts pour s’habiller du mieux possible, selon leur degré de fortune.

Nous trouvons un autre récit tout en circonspection d’une fête improvisée au quartier la Réal, sous forme de théâtre populaire, en catalan. Cette piécette comprenait des costumes catalans, d’ecclésiastiques et travestis :

«Un spectacle connu vulgairement sous le nom de Ball de Serrallongue avait attiré quelques centaines de curieux, sur la pace des esplanades, le lundi de Pâques, moins pour en jouir que pour profiter des beaux jours du printemps, et suivre en quelque sorte machinalement la foule. A représentation avait lieu dans un enclos construit à dessein, et le public y était admis moyennant une rétribution de cinquante centimes pour les premières places, de vingt-cinq pour les secondes. Mais lorsqu’on était parvenu dans l’enceinte, la force seule disposait du droit et du choix des places.

Spectateurs et acteurs étaient presque confondus, et exposés aux ardeurs du soleil. Le nombre des acteurs était d’environ quatre-vingt, rangés en deux files, et dont quelques uns étaient travestis en femmes, et un en moine. Des voleurs sollicitaient la faveur d’être admis dans la bande d’un chef de brigands, et racontaient alternativement l’histoire de leurs méfaits. Tel était le sujet de cette représentation qui a duré depuis une heure de l’après midi jusqu’à cinq heures du soir. La scène se passait en rase terre, et le dialogue était en langage vulgaire[4]. » Quelques jours plus tard, le chroniqueur explique : « On n’a pas besoin de dire que les oreilles les moins délicates ont pu souvent être blessées[5]


[1]              JPO, 1825, p.427.

[2]              JPO, 1825, p.438.

[3]              JPO, 1827, p.448.

[4]              C’est-à-dire en langue catalane, propice à toutes sortes d’expressions très imagées.

[5]              JPO, 1825, p.299.