Costume catalan

Une intéressante description du costume catalan, pour la partie sud des Pyrénées est publiée en 1817. Elle s’applique aussi pour cette période aux villages du Roussillon et aux hauts cantons du Vallespir et de Cerdagne.

« Le costume des Catalans diffère sensiblement de celui des autres Espagnols. Le manteau et le chapeau rond n’y sont point d’usage. Le costume français y est presque totalement adopté. Les matelots et les muletiers ont des vêtements étroits de couleur brune et sont coiffés d’un bonnet de laine rouge qui se rejette en arrière sur l’épaule comme celui des anciens phrygiens.

Par-dessous ce bonnet est la résille, sorte de réseau de fil ou de soie, qui constitue la coiffure générale des artisans et des villageois aisés. Les villageoises ont un jupon de soie noire, soutenu par un petit cerceau qui fait fonction de panier, des souliers sans talons, les épaules nues, et un voile noir attaché avec des rubans. Dans les montagnes, le costume est encore plus étrange.

Les villageois ont un petit gilet croisé sans manches, par-dessus lequel ils portent une veste garnie de petits boutons blancs en forme de globes et très rapprochés, leurs manches sont boutonnées sur le poignet, leur taille est serrée d’une longue et large ceinture de laine bleue ou rouge qui fait plusieurs tours autour du corps. Leur culotte, ordinairement de peau, n’a ni jarretière, ni boutons, leurs jambes tantôt nues, tantôt couvertes de guêtres de peau ou de bas de laine qui n’ont point de pied et ne dépassent point la cheville.

Leurs souliers formés de cordes s’appellent espardenyas en catalan. Il est du bon ton que ces chaussures ressemblent à des sandales, et que l’empeigne en soit si étroite qu’elle couvre à peine l’extrémité des orteils. Les gens aisés portent par-dessus ce léger costume une espèce de redingote ample, courte et garnie de manches que l’on nomme gambetto[1]»

La mode à Barcelone tout comme à Perpignan est tournée vers Paris qui jouît de la plus grande des renommées.

« Les dames de Barcelone suivent exactement les modes françaises et font venir de France une partie de leurs parures, ou tout au moins des poupées sur lesquelles il est facile à leurs modistes d’étudier la coupe et l’arrangement des ajustements les plus nouveaux. Elles n’ont pourtant point renoncé à l’ancien costume espagnol. Elles le portent pour aller à l’église, se montrer à pied dans la ville, mais dans l’intérieur de leur maison, au bal, au spectacle, dans les sociétés, elles se livrent sans contrainte à leur goût pour l’imitation des modes françaises. La chaussure est dans ce pays un objet très important, les souliers sont enrichis de broderies élégantes, de paillettes, et même de perles fines[2]

Pour le Roussillon, le géographe Jalabert indique en plus que «le bonnet rouge était il n’y a pas si longtemps, la coiffure habituelle de la classe employée à la culture de la terre : aujourd’hui le chapeau est adopté par presque tous les habitants de la plaine. L’habillement des personnes aisées est le même que celui du reste de la France[3]

Il va de soi que seule la classe laborieuse se distingue par un habillement purement local et singulier plus on s’éloigne de la capitale du Roussillon. C’est ce qu’à pu constater Joseph Antoine Cervini dans le Fenouilledès.

En 1821, celui-ci dépeint les paysages et les habitants qu’il voit en descendant la vallée de l’Agly pour rejoindre Perpignan : « Ces vastes plaines couvertes de riches moissons, ces champs clos par des haies d’aloès, d’aubépines et de grenadiers sauvages, ces rivières que bordent de longs et flexibles roseaux pliant mollement sous le vent qui les agite, ces lignes de basses montagnes entrecoupées de collines, dont les pentes sont hérissées de vignobles opposant leur brillant feuillage à la pâle verdure de l’olivier, ces lits desséchés des torrents de l’hiver qui envahissent la chaussée, ces terrains disparaissant ensevelis sous les cailloux et les sables qui les recouvrent, ces paysans vigoureux au teint brun, au nez saillant, aux yeux et cheveux noirs que nous voyons livrés à des travaux pénibles et aux ardeurs du soleil de l’été, ces hommes graves et sérieux qui, après nous avoir vu passer avec indifférence, suspendaient leurs travaux pour nous suivre longtemps de leurs regards, ces femmes aux grands chapeaux de paille, que nous voyions pieusement courbées devant des Madones enfermées dans de petites niches ou chapelles qui s’élèvent de distance en distance, sur les carrefours des grands chemins, et enfin ces hommes qui dans les bourgs et les villages que traverse la route, étaient nonchalamment assis sur la place publique, après avoir travaillé autant qu’il le fallait pour les besoins les plus urgents de la vie, insouciants de l’avenir, et consommant dans la journée les bénéfices et les produits qu’elle a rapportés, tout nous rappelait l’Italie[4]. »


[1]              Breton, (M.), L ́Espagne et le Portugal ou mœurs, usages et costumes des habitants de ces Royaumes, précédé d ́un précis historique, 1817, p.52.

[2]          Breton, (M.), L ́Espagne et le Portugal ou mœurs, usages et costumes des habitants de ces Royaumes, précédé d ́un précis historique, 1817, p.56.

[3]              Jalabert ; (F.), Géographie du département des Pyrénées-Orientales, Tastu, Perpignan, 1819, p.33.

[4]          Melling, (M.), Voyage pittoresque dans les Pyrénées françaises et les départements adjacents ou collection de 72 gravures représentant les sites, les monuments etc., avec un texte par Cervini de Macerata, (J.A.), 1826-1830.