Les confréries religieuses et de riches personnages ont souvent œuvré à doter des jeunes filles pauvres pour leur permettre un mariage honnête. Les douze mariages, organisés à Perpignan par le Comte de Mailly, à l’occasion de la naissance du dauphin en 1781, en sont un très éloquent exemple.

Portrait du Comte de Mailly par Monet en 1781, Musée Rigaud, Perpignan.

« La ville de Perpignan se distingua dans ces fêtes par la distribution d’aumônes aux pauvres, et par la célébration de douze mariages de douze filles pauvres et vertueuses, qui furent dotées et habillées, ainsi que leurs maris, par Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly. Le jour de la cérémonie fut fixé au lendemain du Te Deum, où les douze mariées, avec les douze époux qui leur étaient destinés, ayant été conduites par Mrs les curés de la ville qui les avaient choisis, chez Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly, il leur fut remis à chacun une médaille d’argent, où l’on voit d’un côté le buste de la Reine ; et de l’autre, un emblème représentant la Bienfaisance, appuyée de la main gauche sur un bouclier aux armes de la Reine, et de la droite invitant un groupe de jeunes gens à s’approcher de l’Autel de l’hymen, au dessous duquel sont gravées les armes du Dauphin. La légende de la médaille portant : la bienfaisance ordonne leur union ; et au dessous du type : Mariage de douze filles de Perpignan, à l’occasion de la naissance du dauphin, 8bre 1781. Ces médailles auxquelles tenaient des anneaux, étaient portées par les filles au cou, en forme de médaillon, soutenu par un ruban bleu ; et les garçons les portaient à la boutonnière, attachées par le même ruban. Il leur fut remis en même temps à chacun l’anneau d’or, et une pièce de mariage en argent, présentant un emblème avec cette légende : in omni modo fidelis ; emblème symbolique répondant en même temps au titre de très fidèle, dont les rois ont toujours honoré la ville de Perpignan, à la fidélité conjugale, et à celle d’un sujet. Tout étant préparé pour la cérémonie, ils furent conduits, précédés de la musique du pays, à la cathédrale, qui avait été parfaitement décorée, et placés dans le sanctuaire, où Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly se rendirent. La cérémonie étant finie, Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly sortirent du sanctuaire, les mariés étant à leur suite, d’où ils furent conduits à l’Hôtel du Commandement, où ils furent servis à une table de soixante couverts, chaque marié ayant été autorisé à amener ses parents. Il y eut de la musique pendant le repas, après lequel ils furent conduits sur une des places de la ville, où ils étaient attendus pour commencer les danses qui durèrent avant dans la nuit. [1] ».

Dans l’intimité des familles

L’habit nuptial est remis en dot par les parents de la mariée. Généralement il s’agit d’un habillement neuf complet, accompagné d’une parure composée d’un anneau nuptial ou bague dite « masseta », d’une croix avec son coulant en forme de cœur, et de boucles d’oreilles. La liste en est consignée dans l’acte de mariage.

Les ensembles les plus complets des classes populaires se composent de : « unas faldillas, gipo, manegas, caputxo de poe de seda, devantal [2]», c’est-à-dire jupons, corset, manches, capuche de pou-de-soie et tablier. La nécessité impose dans les milieux populaires un habillement utilisable pendant de longues années.

Cécile Matillo qui se marie à Prats de Mollo le 9 septembre 1781, reçoit en dot « des habits nuptiaux consistant en un corps de camelot, un jupon de mignonette, un autre corps d’étamine du Mans, une autre jupe de doucette noire, une autre de popeline double minime, une autre de serge noir, une autre d’indienne bleue, enfin un capuchon de gros de Naples et un autre de voile noir [3]. »

Il s’agit donc d’un trousseau et non d’un habit complet blanc comme la tradition du mariage en robe blanche l’imposera bien plus tard.


[1]          Imprimerie de Joseph-François REYNIER, imprimeur du Roi, rue saint-Jean, Perpignan. ADPO, 18 J 2, archives Ducup de Saint Paul.

[2]              ADPO, 10Bp355, n°129, 1708.

[3]              ADPO ; 1 E 762.