Certaines fonctions requièrent un costume particulier, parfois codifié. Les Consuls de Perpignan ont le privilège de revêtir un habit de cérémonie décrit en 1740 dans le Voyageur François : « l’habit de cérémonie est une robe de damas cramoisie, une fraise au cou et une haute toque de velours fort plissé ». Les robes consulaires sont donc en général d’un rouge soutenu, portées à chacune des réunions comme un honneur.

Toutefois en 1723 les nouveaux consuls ne portent pas la robe, réclamant à l’Intendant d’Andrezel d’en faire fabriquer de neuves aux frais de la ville. L’Intendant leur répond qu’« il est attendu que c’est une nouveauté pour nous que pareille prétention de leur part, depuis sept ans que nous sommes en ce pays-ci, pendant lesquels leurs prédécesseurs ne nous ont jamais fait pareille demande et n’ont pas laissé de paraître toujours en robe dans les cérémonies ordinaires ; que d’ailleurs nous avons appris que les consuls de l’année dernière, à l’occasion du sacre du Roi, en ont fait faire de neuves tant rouges que noires, qu’ils les ont portées en dépense dans le compte de leur consulat, ce qui, par conséquent fait un fonds appartenant à la ville, il est ordonné aux consuls de l’année dernière de remettre, s’ils ne l’ont déjà fait, à la maison de ville les dites robes dont les modernes se serviront [1] ».

Le problème de l’entretien et du renouvellement de la garde robe des consuls est à nouveau l’objet de discussions en 1770 où une délibération permet de remplacer robes et chapeaux « qui sont en vétusté et importables, tellement que les magistrats seront dans peu hors d’état d’apparaître dans les cérémonies publiques, nous touchons au moment à jamais mémorable du mariage de Mgr le Dauphin, et les cérémonies et démonstrations publiques qui se feront à cette occasion exigent que nous nous montrions en public avec décence ».

Sortie des Consuls de Perpignan de l’Hôtel de ville, précédés de la musique et des massiers, Carrère, 1787.

L’habit de cérémonie du consul est une fois de plus décrit en 1787 par Carrère. Il indique que « la robe change de couleur pendant le carême, passant du rouge au noir. Elle s’accompagne d’un chaperon de velours porté sur l’épaule [2].» Les cérémonies sont nombreuses et les édiles se déplacent précédés de quatre valets de ville, vêtus eux aussi de la robe rouge et portant sur l’épaule le bourdon d’argent. En civil les consuls portent l’épée de quelque état et condition qu’ils soient. D’autres professions admettent un habit de cérémonie constitué d’une robe de couleur unie et d’un chaperon [3].

Ainsi le doyen de l’Université Joseph Ceilles, possédait deux robes de palais, un bonnet de docteur en médecine à houppe de soie jaune, un capirot de docteur en médecine taffetas noir et devant de moire jaune ainsi qu’une bague d’or à pierre jaune [4].

Pierre Tastu laisse à sa mort sa robe de palais avec ses rabats, confirmant sa fonction de procureur à la Cour du Conseil Souverain ainsi que deux robes noires de pénitent [5]. Cela indique la présence obligatoire des corps de métier et des hautes fonctions politiques dans les processions et les grands offices religieux.


[1]              ADPO, 1 C 1592.

[2]              Le roi permet également aux consuls de Pézilla de porter le chaperon de velours ou de damas rouge, 21 janvier 1688, ADPO, 2B54, f°10.

[3]              Les docteurs en droit par exemple ont un anneau et un chaperon (al capirot) composé d’une bande d’étoffe en satin rouge bordée de dentelle et constellé de boutons d’or. Par derrière pendait une queue en soie noire. Le capirot s’agrafait sur l’épaule gauche. Jampy, (M), « Frais d’examen de docteur en droit en 1761 », Revue historique et littéraire du diocèse de Perpignan, N°77, 1927. Les docteurs en droit ont aussi un insigne garni d’une dentelle en or.

[4]              ADPO, 3 E 22/255, 1783. Il semble que la couleur de la pierre de l’anneau soit assortie au capirot, ce qui en ferait un signe distinctif. Ceilles était aussi protomédic (contrôleur de la médecine) de la province de Roussillon.

[5]              ADPO, 3 E 7/277.