Ex Voto de Font-Romeu

Les éléments principaux du costume traditionnel féminin sont inventoriés par les notaires soit lors des mariages où ils constituent la dot des fiancées, ou bien lors des décès.

En 1736, Françoise Jonqueres donne à sa fille pour son mariage « une garde-robe en bois de noyer, un corset et une jupe d’étamine du Mans, un jupon de damassade, un capuchon de pou-de-soie, un tablier de taffetas, une jupe de mignonette minime, un autre corset d’étamine du Mans, le tout neuf, une parure en or constituée d’une croix avec son coulant et des pendants d’oreilles [1]». Cette mise populaire est souvent plus importante.

Menestrale de Perpignan, Carrère, 1787.

Dorothée Fons, servante à Perpignan, laisse à sa mort une caisse remplie de ses effets : « Trois chemises d’étoupe et de chanvre, une de lin, une camisole de popeline minime, une camisole avec jupe de sergette, une busquière dite « bandefer » d’étamine noire, une paire de poches de toile grise, une paire de bas de coton, deux mouchoirs l’un en Rouen, l’autre de mousseline, une bouteille pour y mettre de l’eau de la reine de Hongrie avec son fourreau de velours bleu, deux coiffes l’une de Rouen, l’autre de mousseline [2]».

Dans un mémorial, Josep Savi, boutiquier de Perpignan donne à Maria, sa fille, pour son mariage, en 1786 : « Un faldalli d’escarlata nou, unas faldillas, gipo, manegas, caputxo de pue de seda, un devantal de garnitura, 12 camisas de dona de lli de Marsella novas i altre vestit d’estamina, 2 camisas de roan novas, una masseta o anell d’or ab sis pedras violetas, altre anall d’or ab tres pedres de Vich, una creu d’or ab tres perlas penjant i un cor aixibe d’or, 4 fils de perlas finas [3]», c’est-à-dire une jupe rouge neuve, d’autres jupes, un jupon, des manches, un capuchon de pou-de-soie, un tablier à garnitures, douze chemises de femme en lin de Marseille bonnes, et une robe d’étamine, deux chemises de Rouen neuves, une bague ou anneau en or avec six pierres violettes, un autre anneau d’or avec trois améthystes, une croix en or avec trois perles en pendeloques et son cœur lui-aussi en or, quatre colliers de perles fines.

Pour l’habit masculin, nombreux sont les inventaires qui mentionnent les éléments dont il est constitué. Raymond Malet, jardinier habitant au quartier Saint-Jacques de Perpignan possédait en 1753 « huit chemises en chanvre, deux matelotes l’une en drap blanc, l’autre de cotonnade blanche, une chemisette de drap minime, une autre chemisette de cotonnade blanche, trois paires de culottes en drap, un justaucorps et une veste de couleur minime [4] ».

Joseph Bassou, laboureur de Perpignan, rue des Processions, paroisse Saint-Matthieu, possédait en 1787 « cinq chemises dont trois bonnes et les autres fort vieilles, une paire de sabots dits « esclops » neufs, une paire d’escarpins et une paire de vieux souliers avec boucles de composition, une paire de bas de filoselle gris fort vieux et une paire de garrenatxes (guêtres) usées, un justaucorps veste et culotte en drap de Carcassonne minime clair assez bon, 2 gilets de bazin rayé bien garnis de boutons de nacre, une vieille camisole de cotonnade, deux culottes de toile, une de drap minime, un gilet de bazin et une veste blanche le tout vieux, un manteau de drap minime tout déchiré, un chapeau de laine assez bon et un autre hors de service avec de vieux mouchoirs de soie blanche[5] ».

Comme le montrent ces descriptions, la classe populaire porte ses affaires jusqu’à leur dernière usure.


[1]              AD66, 1 E 38.

[2]              AD66, 3 E 22/228.

[3]              AD66, 10 Bp 355, n.129.

[4]              AD66, 3 E 22/226.

[5]              AD66, 3 E 14/73, n. 467.