Pour donner plus de détails à tous ces costumes roussillonnais, intéressons nous à quelques inventaires de vêtements de personnes de milieux différents.

En premier lieux, voyons la garde robe de Michel Esquirol, maître portier à Thuir. Décédé en 1820, le notaire inventorie ses effets comme suit : « un gilet avec des devants de velours noir, un autre avec des devants de velours bleu, un autre en drap noir, un autre en coton bleu, un autre en velours fonds jaune, une camisole en cotonnade bleue, une autre en cotonnade blanche, une autre en nanquinette fonds bleu, une autre en ratine, une autre en drap teint en vert, une carmagnole de velours rayé, une culotte longue en velours bleu, une autre en ratine bleue, une autre en cotonnade bleue, une camisole en reps gris, un bonnet en laine rouge, une ceinture en serge rouge[1]. »

La mode Empire est encore présente dans les armoires de ces dames. C’est ce qui apparaît à Perpignan, lors de la succession de Rose Casenoba, espagnole « de nation ». Ces effets consistaient en « robes et redingotes pour femme, mouchoirs, fichus, schalls, pointes, voiles, spencers, corsets, manteaux de lit, jupes, chemises, bas et autres nippes de femmes, bijoux tels que colliers, médaillons, pendants, boucles peignes, bagues, lorgnettes, croix d’argent et de cristal enrichies de diamants[2].Ces effets seront vendus sur folle enchère place Laborie (actuelle place Jean jaurès).

Enfin, madame Tabariès de Grandsaignes vivait au cœur même de la ville de Perpignan. Cette perpignanaise aisée était descendante d’une illustre famille du cru les Llucia,

Ses fenêtres donnaient sur la place de la Loge. Sa garde-robe inventoriée en 1818 est l’une des plus fournies de la ville, avec un nombre très important de vêtements et de bijoux : «vingt trois chemises, six jupes blanches, deux châles façon de madras, quatre robes, onze fichus, un peignoir, un éventail et son étui, un chapeau de velours noir, une paire de boucles d’argent pour les souliers, une robe de soie, une bourse de soie verte, un petit sac de toile, huit paires de bas, deux paires de poches, deux châles, un fichu à franges, un fichu de madras, un fichu de baptiste, deux corsets, une pèlerine de mousseline, une collerette blanche, trois serre tète garnis, un corset de taffetas, un tablier de cuisine, un châle de laine, une paire de souliers jaunes, neuf robes de différentes étoffes, deux petits paquets de dentelle neuve, huit bandeaux fins, sept coiffes, un chapeau de velours, deux corsets de soie, une jupe de soie unie, une jupe de soie à fleurs, quatre mètres d’étoffes de soie blanche, une petite tabatière entourée de perles avec le portrait de monsieur Llucia, deux colliers à chaînons en or, une épingle à diamant, une autre épingle en or à rosette, un portrait en médaillon monté en or, deux paires de boucles d’oreilles en or, quarante centimètre de chaîne en or avec pierre blanche, une grande bague en or, une paire de boucles d’oreilles en or à diamants, deux boucles d’oreilles en or, une montre et sa chaine en or, une boite ou tabatière semblant d’or, un chapeau de paille garni de rubans, une boite contenant fleurs et chapeau de paille garni d’or, une boite en carton renfermant les trois colliers et boucles d’oreilles que madame Clara apporta de Paris.»


[1]              ADPO, 3 E 26/274.

[2]              JPO, 1815, 11/11.