La coiffe catalane d’apparat tient son originalité non pas de sa forme, mais de ses différentes pièces.
« Elle se composait d’abord du « cofet » en surtin ou calicot blanc tout d’une pièce qui maintenait la chevelure. Puis la « topina » en taffetas noir et rigide froncée par un lacet sous la nuque accompagnée d’un bandeau du même tissu.
Puis par-dessus ces deux bonnets, le bonnet de dentelle empesé composé aussi de deux pièces. Le derrière froncé sous la nuque et le bandeau garni d’un « picot » et retourné sur les oreilles. Les coiffes étaient au point d’Alençon ou au point d’Angleterre, de Flandre ou de Malines.
Elles étaient aussi en mousseline finement brodée. Pour le deuil la coiffe de mousseline (sans décor) était cerclée entre le bandeau et le bonnet par un ruban de velours noir[1]. »
[1] Vaquer, M.T., les coiffes catalanes, CAVI, 1976, p.7.
La comtesse de Lazerme mourut le 13 avril 1888 à Perpignan en son hôtel particulier de la rue de l’Ange. Dix prêtres et dis religieuses de la salle d’asile assistèrent aux obsèques.
Portrait par Muller de la Comtesse de Lazerme
Voici ce que disait d’elle son petit fils, Carlos de lazerme :
« Elle était la sœur ainée de Mme de Rovira et de la comtesse de Cauvigny. Petite, mince, fragile et délicate au possible, elle donnait l’impression diaphane d’un être qui va se dissoudre. Mais c’était aux heures critiques qu’il fallait la voir: toute en nerfs, infatigable, son énergie croissait avec les difficultés et le péril, loin de l’ébranler, ne pouvait même pas la surprendre. J’ai d’elle un excellent portrait peint par Müller, il est impossible de trouver visage aux traits plus fins, port de tête plus fier, un ovale plus pur. Surtout elle était bonne. Avec quelque chose de fier, d’altier, elle avait une nature vraiment humaine, une sensibilité de femme aimante, chaste. Accessible à tous, d’un dévouement sans exception et qui ne raisonnait pas. Pleine de pitié, elle se penchait sur son prochain, dès qu’elle voyait souffrir, avec l’humilité discrète et la promptitude silencieuse de la charité chrétienne, avec cela un peu capricieuse, peut être fantaisiste, libérale, gratuite. Son nom même de Charlotte, avec ses vibrations dorées, exprimait quelque chose de doux, la poésie du soir et de l’automne, et la tendresse romantique. Eprise de Lamartine, de Vigny, de Lacordaire, elle allait vers le beau d’un mouvement d’artiste, distante avec les snobs et les imbéciles, hautaine avec les avares et cassante avec les fourbes et les mauvais. J’avais treize ans quand elle mourut. Le curé de la cathédrale de Perpignan, l’abbé Metge vint lui porter le viatique. Elle avait toute sa tête et la garda jusqu’à la dernière minute. Quand elle comprit que ses derniers instants approchaient, elle demanda son livre de messe, et de la même voix tranquille dont pendant soixante ans chaque matin et chaque soit elle avait récité son « pater » et son « ave » elle répondit aux prières des agonisants. Au moment de lui administrer l’extrême onction, le prêtre s’aperçut qu’il avait oublié d’apporter le linge rituel qu’on trempe dans les saintes huiles pour le passer ensuite sur les pieds et les mains des malades. « Est-ce que je puis vous prêter un linge? » demanda ma grand-mère. Sur un signe affirmatif de l’officiant, elle fit ouvrir son armoire et indiqua une petite boite en carton placée sur la planche du haut. Cette boite était attachée avec un ruban qui faisait plusieurs fois le tour. Elle la fit apporter , défit le ruban, souleva le couvercle et retira un mouchoir en batiste brodée. « C’est celui que je portais le jour e mon mariage » dit-elle. Elle dut revoir toute sa jeunesse. Ses yeux regardèrent son crucifix ; ils restaient candides et limpides. Ses lèvres remuaient. Elle se remit à prier avec sa dévotion d’humble croyante. Quand le prêtre eut accompli son ministère, elle reprit le mouchoir, le plia en hochant la tête, le remit dans la petite boite en carton, rattacha le ruban, lentement, posément avec cette attention qu’on apporte aux choses minutieuses de la vie quotidienne. Et c’était déchirant de la voir si soigneuse, si calme, répétant pour la dernière fois ces gestes habituels qu’elle ne ferait plus jamais. Un peu plus tard, elle prit la main de mon père et la serra de toutes ses forces. La comédie est finie, dit-elle, et l’autre vie commence. Je suis bien triste de vous quitter mais je suis bien heureuse d’aller retrouver mon père et me mère. Et mon mari m’attend là-haut depuis plus de trois ans. Après tant d’années, il ne se passe pas un seul jour que je ne pense à ma grand-mère. Et chaque fois elle m’apparaît, comme la sainte de la famille et le bon ange du foyer. »
De nombreux édits ponctuent la période de la prohibition des toiles peintes, qualifiées aussi d’indiennes, et qui sont le seul monopole de la Compagnie des Indes.
En 1737, on peut d’étonner de la lourdeur de l’amende de 300 livres encourue par Thérèse Sabriane, femme de Jean Mestre, pour avoir été surprise avec un tablier de toile peinte fond blanc à fleurs rouges. La peine sera descendue à 5 livres par le contrôleur général.
Toutefois en haut lieu, les peines très lourdes sont jugées correctes comme celle de la marchande Roillet condamnée a 3000 deniers d’amande pour saisie de marchandise prohibée, amende qui avait été pourtant ramenée à 10 livres.
Suite à dénonciation, des particuliers aisés sont condamnés pour saisie d’indiennes à leur domicile, comme le sieur Bergès de Vinça. Chez lui, les employés des fermes ont trouvé quatre pièces de toiles peintes qu’il a déclaré avoir acheté d’un inconnu pour en faire un lit.
Après 1748, le gouvernement légifère conte les demandes de modération des amendes. En 1749, les toiles autorisées de la Compagnie des Indes sont inventoriées chez les marchands de Perpignan et mises à la nouvelle marque.
Échantillon de droguet de soie de Perpignan, manufacture royale d’étoffes et bas de soie, vers 1740, AD66.
La matière la plus noble est la soie qui était tissée à Perpignan dès avant le XVIe s. par des tisserands de la confrérie des veloutiers de soie, ainsi qu’au sein d’une manufacture royale pour la fabrication de tissus et de bas, entre 1730 et 1750. Par sa cherté et les lois somptuaires qui en interdisaient l’usage aux classes populaires, la soie était toutefois portée par le biais du réemploi des vêtements et servait aussi à broder de fils colorés les habits, ou à orner avec galons et rubans les coiffes ou attacher les manches au corset. Les tissus de soie de basse qualité appelés bourrettes de soie étaient fabriqués en partie à Nîmes et vendues en Roussillon. On trouvait aussi des fichus de soie de Catalogne ou de Valencia vendus par les espagnols tenant échoppe sur certaines places de Perpignan.
En 1779, un édit crée la nouvelle communauté des tisserands de soye, laine et fil de Perpignan. AM HH 12.
« A l’égard des soies, le commerce en devient tous les ans plus étendu et augmentera considérablement dans la suite par la grande plantation de muriers que l’on fait tous les ans en Roussillon, ainsi que par l’émulation des particuliers à élever des vers à soie. Cette partie peut monter, lors d’une récolte médiocre à environ 20 quintaux de soie, qui passe quasi totalement dans les manufactures de Lyon et du Languedoc. On doit observer que cet objet est d’une grande importance et pourrait être porté jusqu’à 200 quintaux, si comme on s’attache à la plantation des muriers, à laquelle le pays est très propre, on avait soin de les cultiver et d’en cueillir la feuille autant qu’il faut[1]. »
Au XIXe, les procédés industriels permettent d’obtenir des soieries moins chères, des taffetas qui donnent de l’ampleur et de la tenue aux jupes et aux robes qui ne cessent de croitre en métrage. La sériciculture est restée une activité importante qui se généralise en Roussillon, notamment à Cattlar et à Ille-sur-Têt au XIXe s. Les agriculteurs, riches propriétaires sont informés par le biais de la Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales de ce que peut leur rapporter l’élevage du ver à soie, compte tenu du climat roussillonnais favorable et du nombre important de muriers. Sous la monarchie de Juillet, les propriétaires implantent cette production auprès de leurs métayers dans les « métairies » comme le mas Ducup ou Bresson autour de Perpignan, et à Latour de France où le marquis de Ginestous propriétaire du château de Caladroy fait venir des ouvriers du Gard, formés à la culture du ver à soie.
Victime de plusieurs maladies, notamment la grasserie, les vers à soie faillirent disparaître totalement si l’on n’avait pas eu l’idée de faire venir en remplacement des races milanaises et d’Andrinople, la race « jaune milanaise » qui cumulée avec la venue de Pasteur en 1867 permit la reprise de cette économie. Le Roussillon se spécialisa alors dans la vente des œufs ou graines qui étaient vendus dans de petites boites rondes de carton ventilées par de minuscules trous.
La décadence de cette production est due en partie à la fin du XIX e siècle aux taxes qui rendent les soies roussillonnaises peu concurrentielles face aux soies provenant de l’étranger[2].
[1] Poedavant, Le Roussilon à la fin de l’Ancien régime, SASL, 1987, p.63.
[2] Ponsaillé, J., « un intéressant document sur la venue à Ille d’un président du Conseil », CAVI, 1999, p.9,27.
le châle cachemire indien, en vogue dès la fin du XVIIIe s., importé en fraude sous le Ier Empire, fut rapidement imité en France sur métier à tisser équipé d’une mécanique Jacquard.
Le protectionnisme donne l’idée au fabricant Ternaux de faire venir et d’implanter en France des chèvres du Tibet, dont le duvet pourrait servir de matière première à la confection de vraies imitations. En effet, le pelage des chèvres forme un produit intéressant pour le commerce. Ce pelage est composé de trois sortes de poils. Les plus longs ou les poils soyeux tombent sur les deux côtés du corps en se séparant sur la ligne moyenne du dos, et recouvrent le cou, le dos, les flancs et les cuisses. Sous ces longs poils, qui sont d’ordinaire assez cassants, il en existe d’autres moins rudes, nommés « jarre », qui se trouvent mêlés, dans les espèces les plus recherchées, à un poil laineux et méritant par sa finesse le nom de duvet.
La chèvre tibétaine a des oreilles larges, demi-tombantes et un duvet abondant. La couleur de ce duvet est grisâtre ; les poils soyeux, au contraire, sont blancs, gris bleuâtre, chamois clair ou noirs. Les cornes sont droites, tordues en vis et divergentes. La chèvre tibétaine, improprement appelée chèvre de Cachemire, ne se trouve dans toute sa pureté qu’aux environs de Lhassa, dans le Tibet, par le 90e degré de latitude E. C’est là que les fabricants de la vallée de Cachemire viennent s’approvisionner de duvet pour la confection de leurs précieux tissus.
Il existe, dans d’autres contrées de l’Asie, des chèvres qui, bien que différentes d’aspect, paraissent néanmoins dériver de la chèvre tibétaine. Les plus connues sont la chèvre à duvet des Kirghis de l’Oural, et la chèvre himalayenne. Cette dernière, qui habite sur le versant sud de l’Himalaya, est fréquemment employée comme bête de somme, à cause de sa force et de son agilité.
La chèvre des Kirghis a été confondue assez longtemps avec la chèvre tibétaine de Lhassa. Introduite en France au commencement de ce siècle, par MM. Ternaux et Amédée Joubert, elle ne s’y est pas propagée, parce qu’on s’est aperçu que le précieux duvet qu’elle fournit dans son pays natal disparaissait entièrement sous nos climats.
En 1808 le ministre anglais de l’Agriculture déclarait : “si la naturalisation des chèvres du Cachemire réussissait, pour nos producteurs ce serait plus avantageux que la conquête de la Toison d’’Or”.
Pourquoi si avantageuse ? Car les tisseurs de Norwich, d’Edimbourg, de Paisley, étaient occupés, depuis des années, à imiter les châles que les employés militaires et civils de la Compagnie des Indes Orientales apportaient dans leur patrie pour en faire cadeau à leurs bien-aimées. Les châles avec un motif de pousse de palmier produits dans l’Inde du Nord étaient très demandés par la mode continentale. Les imitations anglaises étaient parfaites, mais le moelleux des châles restait inimitable. “Cette supériorité, qui doit être admise par un examinateur objectif – écrivait William Moorcroft, jeune chirurgien et vétérinaire – dérive du plus grand moelleux de la laine de chèvre…”
L’industrie textile anglaise avait besoin des très fines laines du Cachemire. Et c’est ainsi que Moorcroft, en 1812, obtint de la Compagnie des Indes Orientales la permission de guider une expédition au Tibet. A son retour il embarquait 50 chèvres. Mais le troupeau fut divisé et le bateau sur lequel voyageaient les femelles fit naufrage. En Angleterre n’arrivèrent que quelques exemplaires en mauvais état. A Blaire, en Ecosse, sur les propriétés du duc d’Atholl, il n’en survécut, pendant quelques mois, que quatre.
La naturalisation des chèvres Cachemire s’avéra être un échec, mais l’expérience fut répétée quatre ans plus tard. Cette fois, ce furent les filandriers français, qui entre temps commençaient à dominer le marché européen des châles, qui tentèrent la voie de l’importation.
Guillaume Ternaux (1763-1833), manufacturier des Ardennes, seconda sous le Directoire le maire de Reims Jobert-Lucas, auquel il s’associa pour installer, en 1812, dans la vallée de la Suippe, à Bazancourt, la première filature industrielle. Ils donnèrent une forte impulsion au commerce de Reims par la beauté et la perfection de leurs schalls (châles), de leurs casimirs (drap soyeux, chaîne coton, trame de laine) et de leurs gilets. Ternaux, qui fut membre de l’administration municipale de Sedan en 1792, plus ou moins compromis avec Lafayette, dut émigrer. Il voyagea en Allemagne, en Angleterre, où il étudia les différentes fabrications des étoffes. De retour en France, il fonda de nombreuses fabriques à Louviers, avec tout l’outillage et les perfectionnements qui constituaient alors un réel progrès.
Il acclimata en France les chèvres du Tibet et créa sous le nom de « cachemire de Ternaux » un châle qui fut très répandu. Ternaux accueillit favorablement le retour des Bourbons, qui lui semblaient devoir ramener la paix. Il fut anobli sous la Restauration, député de l’Eure de 1818 à 1822, puis de la Haute-Vienne en 1827 et 1830. Il épousa Françoise Lecomte . Il repose au Cimetière d’Auteuil.
Guillaume Ternaux, fatigué des difficultés pour trouver la matière première à travers la Russie, finança une expédition en Orient afin d’acquérir 1289 animaux achetés au Kirghizistan en 1818. « On mande à Marseille, que le second navire qui porte 500 chèvres du Tibet, viennent d’arrivera Toulon ou ce troupeau parait en bon état, il n’a perdu qu’une vingtaine de bêtes pendant la traversée ; tandis que les 560 chèvres arrivées à Marseille par le premier navire se trouvent réduites à 160, encore sont elles attaquées par la gale, au point que pour les traiter de cette maladie, on sera obligé de les tondre, ce qui fait craindre que leur duvet ne repousse pas après cette opération. Il est malheureux que cette tentative éminemment patriotique ait aussi mal répondu au succès qu’en attendait M.Ternaux, dans l’intérêt de nos manufactures. L’on sait que sur les 100 chèvres que M.Ternaux avait cédé au gouvernement, 40 étaient destinées à notre département, ou il règne une température convenable à ces précieux animaux, et pour les mérinos, dont la qualité des laines est supérieure à celle des établissements de l’intérieur de la France et même de l’Espagne[1]. »
« M.Tessier, membre de l’Institut, responsable général des bergeries royales, est venu visiter le bel établissement de Mérinos qui existe dans ce département et se concerter avec M.Ollivier, qui en est le régisseur, relativement aux chèvres de Cachemire destinées à cet établissement. M.Tessier a jugé que le climat et l’état des localités conviendraient parfaitement à ces animaux. Il s’est porté vendredi de cette ville (Perpignan) et se rend à Marseille. »
« Les 150 chèvres de Cachemire dont cent pour le compte du gouvernement et 50 appartenant à M.Ternaux sont heureusement arrivées aujourd’hui 9 juillet sur la plage de Saint-Laurent-de-la-Salanque. C’est au zèle et aux soins empressés de M. Ollivier, régisseur de la bergerie royale, qui était allé les prendre à Marseille, que ces précieux animaux sont déjà rendus dans l’établissement qui leur était destiné aux environs de Perpignan. »
En 1819, « Les chèvres du Tibet, que nous avons vu arriver à la bergerie royale des Mérinos, malades et fort maltraitées du voyage, commencent à se montrer dans un état prospère, grâce à l’habileté et à la connaissance de M. Ollivier. »
« Les chèvres du Tibet sont dans un état de santé parfait, le duvet est déjà apparent sur elles. Depuis 15 jours, les boucs exhalent une odeur un peu forte, ce qui indique, pour cette espèce, la saison de la saillie ; on remarque que cette odeur est moins désagréable que celle qu’exhalent les boucs indigènes. Déjà une grande partie des chèvres est fécondée et très probablement toutes donneront au printemps prochain un ou plusieurs produits. On les voit aujourd’hui aller gaiement au pâturage, bondir sur les coteaux de la rivière Têt, jouer ensemble dans les prairies, et retourner ensuite avec empressement dans leurs étables où elles trouvent une bonne nourriture et une agréable boisson. »
En 1820, « l’établissement est dans un état des plus prospères. Le domaine royal est sans contredit le premier et le mieux administré du royaume. 120 chevreaux sont nés et portent déjà sur leur peau ce riche et précieux duvet qui couvre le corps de leur père et mère…la race tibétaine a gagné à se trouver sous le beau soleil du Midi. Aussi dans peu d’années, nous aurons des Cachemires comme il est facile d’avoir des Mérinos. Nos élégantes petites maîtresses vont se bien trouver de ceci, à moins que la mode et le luxe orgueilleux ne les rendent inconstantes et ne leur fasse préférer quelque nouveau tissu qui n’aura ni le moelleux ni la beauté du duvet tibétain. La mode a ses bizarreries, et nos françaises sont bien capables d’envoyer plus loin qu’au Tibet les complaisants voyageurs chargés de satisfaire leurs frivoles caprices. Il est positif maintenant que les chèvres importées par M. Ternaux prospèreront en France, et que ce sera dans le Roussillon qu’elles se trouveront le mieux : honneur soit rendu au bon français qui le premier a eu la pensée et a exécuté ce beau dessein. Des sommes immenses ne sortiront plus de France pour ne plus y rentrer. Grâces soient rendues à M. Ollivier, cet administrateur plein de zèle qui s’acquitte si soigneusement de ses travaux et qui peut s’enorgueillir de leur résultat. »
Ternaux obtient quelques beaux résultats aux expositions de 1819 et 1820 : »on voyait entassé dans l’endroit qui lui avait été donné au Louvre, des draps, des couvertures, des tapis, des schalls et des écharpes de 4500 francs, des jupons de femme réduits à 46 francs…un des produits les plus remarquables de cette classe est une pièce de cachemire fabriquée (par M. Mindelang fils ainé de Paris) avec le duvet des chèvres kirghizes, élevées à la bergerie royale de Perpignan…ce duvet a été filé au n.210. L’étoffe en est admirablement travaillée, fine soyeuse et transparente come la mousseline[2].
En 1822, le troupeau s’élève à 233 chèvres et avec l’aide de Mr Jaubert de Passa qui facilita l’acclimatation en ouvrant l’un de ses domaines au pied du Canigou, une cinquantaine de jeunes chèvres et un bouc ont été réunis à cet endroit pour plus de rendements. L’administration décide aussi d’en acclimater dans les hautes Alpes ainsi que d’effectuer des croisements. Le Conseil a parfaitement senti qu’il n’appartenait qu’à l’expérience d’éclairer l’opinion, qu’il s’agissait uniquement d’essai, et que le temps pourrait seul démontrer si l’importation des chèvres-cachemires doit avoir les heureux effets qu’on attend[3].
Or, toutes les fois que des chèvres de cette race ont été déplacées, que ce soit vers la France, l’Angleterre ou les Amériques, le nouveau climat a rendu leur toison rêche après quelques saisons, leur faisant perdre à jamais leur texture duveteuse. Il fut donc envisagé de les placer plus haut dans les Pyrénées, ou de les croiser avec les races autochtones.
[1] Médiathèque Perpignan, microfilms.3gp807. Feuille d’affiches, annonces et avis divers du département des Pyrénées-Orientales.
[2] Annuaire historique universel pour 1823, aris, C.Lesur, p.870-871.
[3] Annales de l’industrie nationale et étrangère ou Mercure Technologique, 1822, p.133.
En 1932, un article du journal local fournit une description des gitans de Perpignan :
« Il en est qu’on distingue à peine de la masse des perpignanais : leur coquetterie un peu voyante parait celle de méridionaux accentués et il faut remarquer le teint mat des femmes, les cheveux brillants des hommes, et leurs yeux noirs pour les rattacher aux nomades qu’ils ont cessés d’être. »
« ce sont les femmes surtout qui mettent dans nos rues le pittoresque de leur type. On les rencontre par groupes, vendant des corbeilles d’osier blanc ou des dentelles grossières dans un panier de jonc. Autour du marché elles offrent des boules de bleu, des aiguilles ou promènent une pelote de paille sur laquelle elles ont piqué des fleurs de couleur.
Jeunes, sur leur profil pur, souvent d’une beauté piquante, plaquent les ondes de leurs cheveux de jais que retiennent des peignes rouges. Un corsage clair, une jupe largement étoffée, un fichu croisé passé dans la taille, elles ont une démarche souple et une démarche nonchalante[1]. »
[1] Les gitanes, croquis perpignanais, l’Indépendant, février 1932.
Procession du Jeudi saint à Perpignan, gravure publiée dans l’ouvrage de Carrère, 1787, Médiathèque de Perpignan. Croix des outrages ouvrant la procession après la cloche du régidor et la trompette. Misteri de la flagellation suivant celui des jardiniers représentant Jésus au Jardin des oliviers. Homme en damejeanne (couvert de spart) montrant un crâne, suivi de deux personnages voilés, puis une femme pénitente dite « barre de fer ». Porteur de croix suivi des trois Marie.
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