La couleur noire pour signifier le deuil apparait au XVIIe siècle [1]. En Roussillon deux tenues se distinguent chez la femme : celle du deuil de cérémonie et celle du deuil au quotidien.

Les femmes portent alors des coiffes noires de taffetas [2] qu’elles se procurent chez les marchands d’habits [3]. Elles les agrémentent de garnitures de dentelles, rubans et fleurs de tissu noir [4]. Vient ensuite l’habit : « un vestit negra de dona ço es manto y faldillas de papalina, una xarpa de tafatas negra doblada de sati blanch [5] » c’est-à-dire un habit noir de femme constitué d’un manteau et de jupons de papeline, ainsi que d’une écharpe de taffetas noir doublée de satin blanc.

Au cours du XVIIIe siècle, l’usage de se couvrir de grandes étoffes noires de la tête aux pieds disparaît dans les couches aisées. Un témoignage décrivant une Vierge de la Piéta, en 1708, permet d’en savoir plus sur le déclin du grand deuil à la Catalane : « Elle est vêtue de grand deuil comme le sont non pas les personnes du commun mais les dames catalanes qui conservent quelque chose de la manière ancienne de s’habiller dans ce pays ; elle a de grandes coiffes de crépon noir »[6].

En 1786 on trouve dans un inventaire cette description d’une « espèce de voile à l’ancienne en taffetas noir moucheté [7]», vestige des grandes mantilles. Pour sortir, la capuche noire est préférée l’hiver, portée sur une coiffe noire.

Les hommes portent aussi des tenues noires de deuil, habits complets de voile noir et bas de soie noire. Les boucles de souliers à pierreries sont proscrites et remplacées par de simples boucles de fer [8]. Lorsque le grand deuil est passé, le Catalan met à sa veste une cocarde de rubans noirs [9].

Il est en outre d’usage dans les grandes familles d’habiller de noir, le jour de l’enterrement, les gens de la maisonnée, servantes, laquais et autres, et de donner à chaque participant à la cérémonie un crêpe noir, comme mentionné lors des obsèques de l’épouse de Don Joseph d’Oms en la cathédrale de Perpignan [10].


[1]              Boucher, p.464.

[2]              ADPO, 3 J 407, 1697.

[3]              ADPO,5 E 1/5962, 1681.

[4]              ADPO, 3 E 1/5752, garniture de cofa de dol, 1698.

[5]              ADPO, 10 Bp 355, 1698. Un habit de femme noir composé d’un manteau et de jupons de papeline, une écharpe de taffetas noir doublé de satin blanc.

[6]              Colomer, (C.), op.cit.p.142.

[7]              ADPO, 3 E 14/72, 1786.

[8]              ADPO, 3 E 22/258 1786.

[9]              ADPO, 3 E 5/36, 1760.

[10]            ADPO, 3 E 22/230, 22 mars 1757, le sieur d’Oms pourvoit aussi à l’achat de draps noirs pour garnir l’autel et la chaire de la collégiale.