Costume de Miquelet, 1772, A de Ros, Col. part.

Si l’épée demeure de rigueur dans certaines circonstances civiles, à l’inverse, l’évolution des formes du costume militaire vers le costume civil s’est accentuée à compter de 1670 à l’instigation de Louvois. L’uniforme complet des militaires, dont de nombreux régiments stationnent en Roussillon, est dès lors formé d’un justaucorps, d’une veste ou gilet, d’une paire de culottes, de bottes, d’une cravate et d’un tricorne [1].

Le Roussillon possède un bataillon particulier, celui des Miquelets ou fusiliers de montagne chargés de la surveillance de la frontière [2].

Leur uniforme est détaillé dans « L’état militaire et ecclésiastique du Roussillon » de 1752. Nous avons la tenue d’un fusilier et d’un officier ainsi que le détail des neuf pièces qui le composent, avec leur nom en français et en catalan. Nous retrouvons le manteau à longues basques ou gambetò, la chemisette (veste plus légère), la matelote (sorte de gilet sans emmanchements), les calsas (culottes), les guêtres longues qui se superposent aux bas, les « espardègnes », le réticule pour tenir les cheveux, la baratina et le baret (tricorne à cocarde).

Le costume particulier des Miquelets [3] n’est pas toujours accepté par les soldats et les officiers provenant de tout le royaume. En 1744, le maréchal de Noailles, gouverneur du Roussillon, s’occupe de la levée de six bataillons de fusiliers de montagne pour renforcer les troupes de la frontière.

Pour plus d’efficacité, « sa majesté veut bien permettre qu’au lieu de drap gris de fer suivant l’ancien usage, la troupe soit habillée en drap bleu avec des parements rouges, mais au surplus elle ne veut pas que les officiers soient habillés à la française, son intention étant qu’ils soient en gambétou, de même que les fusiliers avec tout l’assortiment à la catalane à l’exception des espardègnes ».

Serigny, habillement du Miquelet.

La question fait débat parmi les officiers qui se plaignent à l’Intendant : « ceux-ci sont extrêmement mortifiés d’être obligés de porter le gambétou avec l’assortiment à la catalane, je leur ai dit et fait dire que les hussards et même le régiment royal allemand avaient des habits singuliers ».

Les officiers toutefois soutiennent qu’anciennement les commandants des bataillons et le major étaient dispensés de cette règle et étaient vêtus à la française. Pour clore cette affaire, le maréchal doit menacer de renvoi les contrevenants pour faire accepter l’uniforme si particulier des Miquelets [4].


[1]              Boucher, (F), p.286.

[2]              documenté par l’estampe de P. A. Aveline (BSASL,vol. XCV, p.81).

[3]              ADPO, 1C685, Mémoire détaillé des fournitures pour l’habillement du capitaine, du lieutenant, du fusiller et du brigadier du bataillon des fusiliers de montagne, vers 1734.

[4]              ADPO, 1 C 686, voir aussi BSASL des PO, 1910, pp. 188-219 et 1987, p.83.