Le citoyen PRADAL de Perpignan par Gamelin, Col. Part. Perpignan.

Sous la Révolution, des fêtes républicaines sont destinées à réchauffer l’enthousiasme, entre les arrestations et les exécutions capitales. «Il faut des processions et des fêtes à un peuple superstitieux et fanatisé : eh bien ! Nous en célébrerons souvent.»

Avec son compère Milhaud, Soubrany organisa notamment une fête le 29 janvier 1793, lorsque les vainqueurs de Toulon furent accueillis dans les rues de Perpignan et défilèrent au son de la musique. « Leur tenue, écrivait Soubrany, est admirable; ils portent sur le front cet air mâle et confiant qu’inspire la victoire. »

Puis, le 8 février ou 20 pluviôse, ce fut une fête donnée par le club de Perpignan. Ce jour-là, un décadi, fut solennisé par la Société populaire. Une fillette âgée de cinq ans, nommée jusqu’alors Marie-Antoinette, reçut au pied d’un arbre de la Liberté le prénom romain de Virginie.

Le mois suivant, une autre fête fut préparée pour inaugurer le temple de la Raison, dans la cathédrale. Le 7 mars, des détachements de la garnison et des différents corps de l’armée, quatre hommes et un tambour par bataillon se réunissaient sur la place et se rendaient, précédés de la gendarmerie nationale et d’un escadron de hussards, au logis de Dugommier, pendant que le canon tonnait du haut des remparts et que la musique jouait de toutes parts la Marseillaise et ah ça ira. Dugommier et son état-major se joignent au cortège des représentants du peuple et des autorités constituées, jusqu’au temple de la Raison.

Costume patriotique d’enfant.

«En tête marchaient deux cent filles ou femmes vêtues d’une robe blanche serrée à la taille par une ceinture tricolore, des enfants que leurs mères tenaient par la main, et des vieillards. Après plusieurs hymnes patriotiques, soldats, bourgeois, et le peuple gagnèrent l’Esplanade ou était dressé un autel de la patrie et un bûcher où s’entassaient des tableaux de saints et de saintes. Sur le désir de Soubrany, une fillette de cinq ans, une jeune fille de seize ans et une femme mariée mirent le feu à cet amas. La cérémonie se termina par un repas public et par des danses. Des tables étaient dressées devant chaque maison. Sitôt rassasiés, républicains et républicaines exécutèrent une grande farandole[1]. »


[1]          Chuquet, (A.), Dugommier (1738-1794), Paris, p.150.