« Les artisans et les bourgeois s’assemblent souvent entre-eux et dansent au son d’un chalumeau, une danse monotone, qui est toujours la même mais ils ne manquent jamais la mesure. Ces assemblées sont annoncées le matin par le chant mélodieux de l’instrument dont je viens de parler, et donne en même temps le signal de mettre le bas blanc. C’est toujours en l’honneur de quelque saint [1]… »
Sa description reste bien imprécise et comme le souligne en son temps le médecin Carrère, elle nous donne toutefois une jolie expression : « mettre le bas blanc » quand il s’agit d’aller danser. Il semble qu’il s’agisse ici du contrepas qui est la première tirade des « danses » qui en Roussillon sont très codifiées.
Ces danses catalanes « font partie des fêtes que la ville de Perpignan donne dans les grandes occasions. On entoure alors la place de l’Hôtel de Ville d’une enceinte de bois, d’environ vingt pieds de haut. On la couvre de décorations destinées à cet objet. On place aux quatre angles extérieurs quatre fontaines à vin, et l’on met grand nombre de musiciens du pays sur un échafaud orné de même que l’enceinte. Vingt-quatre femmes d’artisans habillées très proprement à la catalane, et un nombre pareil d’hommes de leur état, sont chargés par les officiers municipaux d’en faire les honneurs. Ces quarante-huit personnes ouvrent ce bal tous les jours, après quoi ils y reçoivent tantôt les dames, tantôt la bourgeoisie, tantôt les femmes de leur état. Le jour ou le bal est masqué, personne à l’exception des quarante-huit, ne peut y être reçu qu’en habit de masque. C’est alors un très beau coup d’œil. La place décorée, couverte d’une foule prodigieuse portant des costumes aussi variés que multipliés, éclairée d’une grande quantité de flambeaux, les croisées de la place et les balcons de l’Hôtel de Ville remplis de personnes de tous états, un mouvement vif et animé, varié, et continuel dans le milieu, forment un ensemble qui frappe agréablement les yeux du spectateur [2]. »
Cette description montre l’importance des états, ces classes sociales bien distinctes que la Révolution va essayer de balayer.
Dans son Essai sur la statistique du département des Pyrénées-Orientales, Jacques Delon, secrétaire général de la Préfecture indique toutefois que les différences de statuts sociaux se retrouvent toujours dans l’habillement : « les citoyens des premières classes sont vêtus à la française. Il y a peu de luxe dans les habits et dans les ameublements. L’habillement des journaliers, des paysans et de la plus grande partie des artisans est composé d’une veste courte, d’un gilet et d’un pantalon. Un bonnet de laine rouge leur tient lieu de chapeau dans toutes les saisons de l’année. Leurs femmes portent un corset et une jupe, et un capuchon qui leur couvre la tête et les épaules[3]. »
[1] Chevalier de La Grange, Essai historique et militaire sur la province du Roussillon, 1787.
[2] La Harpe, (J.-F. de), Abrégé de l’Histoire générale des Voyages continué par Comeiras, Volume 37, 1804, p.344. Cet auteur reprend une description antérieure à la Révolution française.
[3] Delon (J.), Le Roussillon après la révolution, texte annoté par Etienne Fresnay, SASL des PO, 1993, p.72.
Jeanne Vidal Rivière était la femme d’un cafetier de la place de la Loge à Perpignan. Cette place fut le premier endroit de la ville à voir apparaître les cafés, ces nouveaux lieux de sociabilité, au milieu du XVIIIe s. Femme de bonne condition, elle possédait une garde robe importante ainsi qu’un coffret à bijoux. Le 10 frimaire de l’an 4 (30 novembre 1794), sa garde robe est décrite comme suit :
« un tablier de soie noire,
un capuchon de soie noire,
une jupe de bourrette rayée,
une jupe de papeline,
trois jupes d’indiennes,
deux jupes de cotonnades rayées,
deux jupes de mousseline blanche,
cinq tabliers d’indienne,
un tablier en coton rayé,
deux tabliers de quadrille,
une jupe de bourrette rayée,
quatre corsets de coton,
un corset de nankin,
un corset en drap de coton,
deux en papeline noire,
un en drap de coton rayé,
dix mouchoirs d’indienne pour le col,
une jupe de cotonnade blanche,
une capuche de sergette noire,
deux tabliers de cotonnade,
une jupe de cotonnade,
dix-neuf chemises,
trois paires de souliers d’étoffes,
une paire de souliers d’étoffe bronzée,
douze bas de coton,
trente six coiffes,
quatre mouchoirs de mousseline blanche,
deux coiffes d’enfant,
une montre en or sans anneau ni cordon faite à Paris,
un esclavage en or avec sa plaque,
une jeannette avec son cœur, le tout d’or avec ruban de soie,
une paire de pendants d’or pour les oreilles,
une bague d’or avec sept pierres violettes,
un jonc avec deux petits cœurs le tout d’or,
une boite d’ivoire garnie d’écaille avec un portrait,
une croix en grenat dont un est démonté de son amande,
un jonc cassé,
une bague d’or ronde,
une bague avec un grenat en forme de cœur coupé avec une petite esse de crochet d’argent,
une montre d’argent, chaine d’acier et la clef de cuivre sans nom de facteur,
deux paires de boucles petites d’argent,
deux paires de boucles d’argent pour les souliers,
un crochet (clavier) d’argent avec sa chaine de même ».
Travaux d’aiguille dans un intérieur de l’extrême fin du XVIIIe s.
Ce document a été rédigé à une période troublée de l’histoire du Roussillon. Des membres de l’administration révolutionnaire sont appelés à inventorier au village du Soler, les affaires laissées sur place par la famille Debouches. Le père de famille était militaire, proche du pouvoir royaliste. Il a probablement rejoint comme tant d’autres la Catalogne frontalière afin d’éviter la prison.
Ainsi l’inventaire ne contient ni les habits emportés sur eux, ni aucun bijou, un bien facile à conserver sur soi afin de subsister dans les périodes difficiles. Le restant des habits et textiles trouvés sur place font une grande part à la fois aux productions de laine (flanelle, laine blanche…), de soie (soie cramoisie, soie jaune) et de coton à motifs tissés (cotonnades flammées) et à motifs imprimés (indiennes). L’habillement féminin est intéressant à plus d’un titre puisque l’on retrouve l’ensemble des pièces du costume populaire : coiffes, serre-têtes, bas, jupons piqués (cotillons), corsets, tabliers, chemises. On notera aussi des outils permettant de réaliser à domicile filage, dentelle, broderie et bien sûr piqûre ou matelassage. Production phare de Marseille, le piquage était aussi pratiqué en Roussillon.
« Inventaire des effets qui se sont trouvés dans la maison curiale du Soler, aux appartements où logeaient les citoyens dénommés Debouches, père et ses deux filles, commencé le 4 ventôse de la 2ème année de la République conformément à la réquisition qui a été faite par les citoyens G. Triquera, R. Morat, membres du district de Perpignan : dans une garde robe de couleur grise y avons trouvé 51 chemises de femmes, deux cortinages de lit complet cotonnade flammée, quatre rideaux cotonnade flammée de fenêtre, cinq rideaux de fenêtre blancs, deux rideaux d’indiennes rouges, un habit d’homme…., deux habits bleus de commandant de place galonnés avec boutonnières d’or, deux vestes rouges l’une galonnée l’autre sans galons, une veste en flanelle, deux vestes blanches, deux paires de culottes bleues, un devant de veste brodé, deux couvertes de lit blanches de filadis ou coton, une couverte de lit verte, une couverte de lit de fil ou treillis, un gros rideau de toile grossière, un étui avec deux perruques dedans, une couverture en cotonnade flammée, douze chemises d’homme, un manteau bleu, une robe de chambre en flanelle, un petit rideau blanc, trois cotillons d’indienne, cinq cotillons blancs, un cotillon de soie mêlée, un casaquin de soie jaune, un corset bleu, une robe de chambre de femme en soie jaune, une robe de chambre de femme en soie cramoisie brodée coupée en deux morceaux, deux tabliers rouges en indienne, cinq casaquins en indienne, treize corsets blancs de femme, cinq paires de poches en cotonnades, deux jupes en indiennes (rajoutées à l’inventaire), sept paires de bas de femmes blancs, deux paires de bas blancs d’homme, dix coiffes de femmes dans un panier avec treize patrons à broder, cinq serre-tête de femmes, une paire de sabots de femme, deux paquets de chiffons avec deux paires de caleçons dedans , trois paires de souliers de femmes d’étoffe en mauvais état, une bourse garnie de fuseaux à faire les dentelles, deux quenouilles avec leur fuseau et aspi, six tours de cols blancs, deux coussins à faire les dentelles, un métier pour piquer les étoffes en bois, un autre métier à broder en bois, un jeu à jouer aux dés dit jacquet, une boite en fer blanc avec des fers à friser, une bonnette de laine blanche, deux chapeaux de paille noirs[1] ».
Le XVIIIe siècle s’achève, et malgré les troubles causés par la Révolution française, la mode arrive à s’exprimer. Le Directoire, le Consulat puis l’avènement de l’Empire font rapidement disparaître les extravagances des derniers feux de l’Ancien régime. Le classicisme simplifie la mise des Catalanes. A l’extrême fin de l’Ancien-régime, les portraits peints de Catalanes montrent des citadines portant le costume « traditionnel ». Les femmes du portrait de la famille Maurin [1], portent le caraco à manches trois-quart, des tabliers en indienne, des fichus blancs.
Celles des portraits de Jacques Gamelin (1738-1803) ont des spencers à la mode [2]. Toutes arborent ostentatoirement de grandes coiffes de mousseline dont la passe retombe sur les côtés, serrées par des rubans de soie colorés noués sur le haut de la tête. La mode néo-classique des jeunes femmes ne nuit pas à la tenue traditionnelle.
Jacques Gamelin, la Perpignanaise, musée de Carcassonne.
Merveilleuses et incroyables
La mode dite des « Incroyables » touche aussi le Roussillon. Commençant dès les années 1790, se généralisant de 1795 à 1799, à l’apogée du Directoire, ce courant vestimentaire se définit comme un renouveau de la parure féminine et masculine. On appelle ces personnes en vogue les « incroyables », les réfractaires les qualifient aussi de «Ridicules ». Perpignan connaît cette mode importée directement de la capitale et dont Frion est le principal représentant. Natif de la ville, le jeune inspecteur du conservatoire national des arts et métiers, Jean-Baptiste Frion (1773-1819) avait un goût immodéré pour la mode. Son portrait est réalisé à Perpignan par le peintre Jacques Gamelin en 1796. Frion porte un habit gris et rose, et dans une pose un peu maniérée, car il avait non seulement une taille imposante mais aussi des «goûts et des habitudes, en toutes les manières, même jusqu’aux caprices, des femmes». Avec une personnalité remarquable qui en fit l’un des modèles de grands peintres comme David ou Vien, il fût l’émissaire des nouveautés vestimentaires lors de ses passages à Perpignan. Sur son portrait, l’habit à pan croisé est largement ouvert sur la poitrine, découvrant un gilet de couleur claire porté avec une cravate « écrouellique [3] ». Le pantalon collant est accompagné de bottes tout aussi serrées, un chapeau haut de forme à cocarde dans une main et une canne à pommeau dans l’autre. La frivolité se lit à la fois dans la coiffure longue et peu soignée tout comme dans l’abondance de bijoux : boucle d’oreille, épingle de jabot, châtelaine et montre en or pendant à la ceinture.
Jacques Gamelin, portrait de Frion, Musée Rigaud de Perpignan.
Même en haut Vallespir, à Saint Laurent de Cerdans ou à Arles sur Tech, les femmes suivent aussi cette mode grâce aux nombreux colporteurs ainsi qu’aux achats effectués à la foire de Céret. En 1790, on pouvait y acheter des boutons en paysage, une ceinture « aux trois grâces, un manchon à l’Angola, une flèche en or (broche) pour le fichu, ainsi qu’un parapluie de soie [4].» En 1792, ces nombreux achats à Arles, aux foires de Céret ou auprès de colporteurs, permettent de constituer un vestiaire complet avec fichu d’indienne à la mode, gilet rouge et noir, boucle de ceinture pour femme, pendants d’oreilles en or, garniture de petits boutons, bas de soie ainsi que de nombreux tissus pour confection. Vers 1800, Perpignan ne compte pas moins de 26 perruquiers, 28 marchands d’étoffes au détail, 3 gantiers, 2 bijoutiers, 7 chapeliers et 130 tailleurs d’habits [5].
[1] Tableau de Jacques Maurin daté de 1794, exposé à Paris en 1874. Il représente la famille du peintre, l’enfant sur les genoux de sa mère étant Antoine Maurin qui fut lithographe. Sont aussi représentés Jacques Gamelin et son fils. Albert Charles Auguste Racinet, le Costume Historique, livraison 15, 1888.
[2] Musée des Beaux Arts de Carcassonne, inv. 480.
[3] Les écrouelles sont une maladie d’origine tuberculeuse provoquant des fistules purulentes localisées sur les ganglions lymphatiques du cou. Le roi de France, le jour du sacre avait le pouvoir de les guerrir.
Le citoyen PRADAL de Perpignan par Gamelin, Col. Part. Perpignan.
Sous la Révolution, des fêtes républicaines sont destinées à réchauffer l’enthousiasme, entre les arrestations et les exécutions capitales. «Il faut des processions et des fêtes à un peuple superstitieux et fanatisé : eh bien ! Nous en célébrerons souvent.»
Avec son compère Milhaud, Soubrany organisa notamment une fête le 29 janvier 1793, lorsque les vainqueurs de Toulon furent accueillis dans les rues de Perpignan et défilèrent au son de la musique. « Leur tenue, écrivait Soubrany, est admirable; ils portent sur le front cet air mâle et confiant qu’inspire la victoire. »
Puis, le 8 février ou 20 pluviôse, ce fut une fête donnée par le club de Perpignan. Ce jour-là, un décadi, fut solennisé par la Société populaire. Une fillette âgée de cinq ans, nommée jusqu’alors Marie-Antoinette, reçut au pied d’un arbre de la Liberté le prénom romain de Virginie.
Le mois suivant, une autre fête fut préparée pour inaugurer le temple de la Raison, dans la cathédrale. Le 7 mars, des détachements de la garnison et des différents corps de l’armée, quatre hommes et un tambour par bataillon se réunissaient sur la place et se rendaient, précédés de la gendarmerie nationale et d’un escadron de hussards, au logis de Dugommier, pendant que le canon tonnait du haut des remparts et que la musique jouait de toutes parts la Marseillaise et ah ça ira. Dugommier et son état-major se joignent au cortège des représentants du peuple et des autorités constituées, jusqu’au temple de la Raison.
Costume patriotique d’enfant.
«En tête marchaient deux cent filles ou femmes vêtues d’une robe blanche serrée à la taille par une ceinture tricolore, des enfants que leurs mères tenaient par la main, et des vieillards. Après plusieurs hymnes patriotiques, soldats, bourgeois, et le peuple gagnèrent l’Esplanade ou était dressé un autel de la patrie et un bûcher où s’entassaient des tableaux de saints et de saintes. Sur le désir de Soubrany, une fillette de cinq ans, une jeune fille de seize ans et une femme mariée mirent le feu à cet amas. La cérémonie se termina par un repas public et par des danses. Des tables étaient dressées devant chaque maison. Sitôt rassasiés, républicains et républicaines exécutèrent une grande farandole[1]. »
P. Maurin, portrait de famille vers 1781 (gravé par Urabieta)
Jean-Baptiste Carrère est l’auteur du volume des « Voyages pittoresques » consacré à la Province du Roussillon, paru en 1787. Ses descriptions présentent un grand intérêt, par leur précision. Elles sont assorties de gravures [1]qui s’inscrivent dans le courant encyclopédique, Carrère étant lui-même médecin. Savants et érudits s’attachent alors à décrire chaque « pays » ou province avec les éléments représentatifs comme les costumes. Afin d’insister sur les particularités de ceux portés en Roussillon, Carrère indique : « nous nous bornerons ici au costume national du peuple, celui des personnes élevées ne diffère point du reste de la France». En effet, contrairement à la période précédente, noblesse et haute bourgeoisie sont au fait de la mode parisienne par des voyages à la capitale, la circulation des almanachs des modes ou encore l’achat de poupées appelées pandores [2]. Ces poupées, véritables copies miniatures de tenues à la mode, sont ensuite recopiées en taille réelle.
La fin du XVIIIe s. indique bien un clivage culturel et social entre la classe dirigeante à la dernière mode et le reste de la population fidèle au costume traditionnel.
Ménestrale de Perpignan, dessin aquarellé de Beugnet pour le Carrere, 1787, Cabinet des Estampes, Paris.
Dans cette seconde catégorie, Carrère y distingue deux classes, celle de la bourgeoisie moyenne des artisans et des propriétaires fonciers, en catalan menestrals et pagesos[3] et celle de la paysannerie. Il cite en cela « l’habit à la ménestrale et l’habit à la Catalane. La forme en est à peu près la même, il ne diffère que par le degré d’élégance. Le premier est celui des femmes des artisans, et assez communément des bonnes bourgeoises et des bonnes fermières des campagnes ; le dernier est celui des paysannes. Elles ont toutes un capuchon noir, de serge ou d’étoffe de soie, les premières le portent toujours sur la tête ; les dernières le plient le plus souvent et le tiennent sur le bras. »
Catalane, aquarelle de Beugnet pour le Carrère, 1787, cabinet des Estampes, Paris.
Malheureusement, incapable ou peu enclin à détailler un habillement féminin, Carrère nous laisse à nos propres interrogations, en ajoutant : « La description des formes de leurs habits est assez difficile et longue ; on le verra plus aisément dans les figures que nous avons fait graver». L’auteur explore ensuite un autre domaine géographique très représentatif du costume vernaculaire : «Le costume des femmes du Capcir et de la Cerdagne est différent de celui du reste de la province. Elles couvrent leur tête d’un filet, réseau de fil ou de soie de couleur, ou bien d’une simple mousseline, qui n’en recouvre que la moitié, et laisse à découvert les cheveux du devant.»
Catalane en résille, vers 1820.
Nous constatons l’usage dans le sud du Roussillon et en Cerdagne de la résille couvrant les cheveux et non de la coiffe blanche en tissu. La manière de porter le fichu ou mocador de cap en catalan, très en arrière sur la tête y est particulière, tout comme l’usage d’un capuchon à pointe recourbée vers le haut. « Elles portent par-dessus un capuchon, rond devant, pointu derrière et tombant jusqu’à la ceinture. Il est de laine blanche pour le peuple, d’une laine plus fine ou de mousseline pour les plus riches. Elles ont au col une fraise de mousseline ou de dentelle. Leur habit est une sorte de corset, il est contenu dans une espèce d’écartement par une busquière triangulaire, garnie de baleines de fer, couverte de belles étoffes, mais très bigarrées, et maintenues par des lacets, rubans et cordons de différentes couleurs [4].» Nous trouvons donc le corps rigide ou busc recouvert d’étoffes de soie. Ce corset très contraignant avait alors été remplacé par des corsets souples dans les espaces de grande circulation comme le Roussillon. De par sa position montagneuse, la Cerdagne conserve son usage plus longtemps qu’ailleurs à cause de son éloignement des voies de communication. » Leurs jupons sont exactement ronds, à petits plis renversés à la ceinture et bordés en bas par des rubans de fil ou de soie de différentes couleurs, ou des galons ou dentelles en or ou en argent. Les femmes du peuple portent des bas rouges ou verts, et des espardègnes ou souliers de corde, ou bien des souliers dont le cuir est tailladé en plusieurs sens de manière à former un dessin. » Le plateau cerdan était réputé pour ses productions de bas réalisés à domicile pendant les longs hivers, ce qui explique la possibilité donnée aux femmes de toutes conditions de pouvoir en porter. De même le travail du cuir, réputé en Catalogne et en Roussillon, s’exprime dans la réalisation de chaussures.
Catalane de profil, portant la résille, extrême fin du XVIIIe s.
«L’habit des paysans consiste en un gilet croisé rouge, bleu ou de quelque autre couleur, sur lequel ils portent une veste ou une camisole de drap brun. Ils ceignent le bas de leur ventre avec une bande très large de serge bleue ou rouge, qui fait plusieurs tours. Ils portent sur la tête un bonnet de laine rouge». Le costume masculin catalan est bien représenté, gilet, veste, la traditionnelle faixa ou longue ceinture de tissu enroulée autour de la taille et la barretina, bonnet de laine feutrée. « Quelques fois le chapeau par-dessus et à la place des bas, des pièces carrées de toile dont ils entourent leurs jambes et qu’ils attachent avec des cordons. » Il s’agit là de guêtres qualifiées en roussillonnais de garmatxes [5]. « Ceux du Roussillon et du bas Vallespir portent des souliers et ceux du haut Vallespir et de la Cerdagne, des souliers de corde» L’espadrille, ou vigatana est une chaussure réalisée totalement ou en partie en corde, de fabrication méditerranéenne très ancienne.
« Les paysans riches des montagnes ont un gambeto brun». Il s’agit d’un paletot long qui est porté l’hiver et qui pare du vent, et pouvait être passé par-dessus la veste. On le retrouve sur les représentations de Saint Gauderique, sculpté ou peint dans de nombreuses églises du Roussillon.
Classe intermédiaire correspondant aux ménestrales, « les voituriers de la Cerdagne et d’une partie du Conflent ont un habit joli et leste, il consiste en un bonnet de laine sur la tête renversé sur l’oreille, un gilet rouge, une petite veste bleue fort courte à petites poches, croisées par derrière, garnie de petits boutons de cuivre jaune, une culotte ronde sans jarretières, un petit jupon fort court et très plissé, à peu près dans la forme de ceux des couvreurs, une ceinture de cuir, de laquelle pend une bourse aussi de cuir, qui se ferme avec des cordons terminés en glands, appelée escarcella, semblable à celle que porte le recteur de l’Université de Paris, des bas et des souliers de corde très légers et très découverts sur les pieds. Ceux-ci sont maintenus par des rubans bleus ou rouges qui, après avoir formé quelques dessins sur le pied, vont faire plusieurs tours et se croiser plusieurs fois sur les jambes ou ils sont noués en forme de petite cocarde.» Il s’agit là d’un costume catalan d’apparat, avec cette bourse très travaillée et ces boutons servant d’ornements tout autant que d’objets usuels. On remarque le jupon, relique des hauts-de-chausses des temps anciens. Cet aperçu succinct mais très précis de l’habillement traditionnel distingue de la paysannerie la classe intermédiaire, héritière de la bourgeoisie de la première moitié du XVIIIe siècle. C’est elle qui a maintenu un habillement riche tant par les matériaux que par des enjolivements, bourses, broderies, ou rubans.
Homme et femme de la Catalogne, Grasset Saint Sauveur.
La description encyclopédique de Grasset Saint Sauveur est un immense travail de compilation des costumes de tous les peuples de la terre, le costume catalan tant celui du Roussillon que celui de la Catalogne est décrit en 1792 : «Le costume des Catalans a quelque chose de flatteur. Les hommes portent leurs cheveux enfermés dans un réseau recouvert d’un bonnet qui retombe sur le côté, à peu près comme les bonnets de police de nos soldats, quelques fois ce bonnet est remplacé par un chapeau à trois cornes. Leur justaucorps est une espèce de gilet croisé fermé avec des boutons, et orné de revers et de parements d’une couleur tranchante. Par-dessus ce justaucorps ils portent un manteau très ample dans le bas mais qui dans le haut laisse absolument à découvert un bras et une partie de l’épaule. » Il s’agirait d’une cape ou du gambettou porté sur les épaules sans en enfiler les manches. « Tout le reste de l’habillement des Catalans ressemble à nos habits français, à l’exception toutefois de la chaussure, qui est fixée autour de la jambe, à l’aide d’une laçure à peu près comme les sandales des anciens. L’habit des Catalanes est plus agréable encore. Un large voile fixé sur le front, descends avec grâce sur les épaules, un corset lacé par devant dessine parfaitement la taille, et un mouchoir à la française couvre en partie la gorge : les manches de ce corset laissent les bras presque absolument à nu. La jupe est très longue, et un petit tablier très étroit, et très court descend jusqu’au genou. Ordinairement le fond du corset est relevé par une broderie en soie de la couleur du tablier ou du voile [6].» Deux gravures aquarellées accompagnent cette description qui sera reprise tout au long de la première moitié du siècle dans de nombreux ouvrages.
[1] les dessins aquarellés de Beugnet qui ont servi aux gravures sont conservés à la Bibliothèque Nationale à Paris, fonds Destailleur.
[2] Tetart-Vittu, La mode à la française : de la fabrique à la clientèle, un parcours réussi, dans Modes en miroir, 2005, p.44, 46.
[3] Pagèsos : propriétaires agricoles, assez riches et au statut en partie comparable aux maîtres artisans.
[4] Un capuchon similaire existe dans les collections de la Casa Pairal de Perpignan.
[5] Terme relevé dans plusieurs inventaires et qui trouve son pendant en Catalogne dans le terme polaine.
[6] Grasset-Saint-Sauveur, (J.), Encyclopédie des voyages, Bureau de souscription chez M. Lescoure et chez les frères Labotière libraires, 1792.
La couleur noire pour signifier le deuil apparait au XVIIe siècle [1]. En Roussillon deux tenues se distinguent chez la femme : celle du deuil de cérémonie et celle du deuil au quotidien.
Les femmes portent alors des coiffes noires de taffetas [2] qu’elles se procurent chez les marchands d’habits [3]. Elles les agrémentent de garnitures de dentelles, rubans et fleurs de tissu noir [4]. Vient ensuite l’habit : « un vestit negra de dona ço es manto y faldillas de papalina, una xarpa de tafatas negra doblada de sati blanch[5] » c’est-à-dire un habit noir de femme constitué d’un manteau et de jupons de papeline, ainsi que d’une écharpe de taffetas noir doublée de satin blanc.
Au cours du XVIIIe siècle, l’usage de se couvrir de grandes étoffes noires de la tête aux pieds disparaît dans les couches aisées. Un témoignage décrivant une Vierge de la Piéta, en 1708, permet d’en savoir plus sur le déclin du grand deuil à la Catalane : « Elle est vêtue de grand deuil comme le sont non pas les personnes du commun mais les dames catalanes qui conservent quelque chose de la manière ancienne de s’habiller dans ce pays ; elle a de grandes coiffes de crépon noir »[6].
En 1786 on trouve dans un inventaire cette description d’une « espèce de voile à l’ancienne en taffetas noir moucheté[7]», vestige des grandes mantilles. Pour sortir, la capuche noire est préférée l’hiver, portée sur une coiffe noire.
Les hommes portent aussi des tenues noires de deuil, habits complets de voile noir et bas de soie noire. Les boucles de souliers à pierreries sont proscrites et remplacées par de simples boucles de fer [8]. Lorsque le grand deuil est passé, le Catalan met à sa veste une cocarde de rubans noirs [9].
Il est en outre d’usage dans les grandes familles d’habiller de noir, le jour de l’enterrement, les gens de la maisonnée, servantes, laquais et autres, et de donner à chaque participant à la cérémonie un crêpe noir, comme mentionné lors des obsèques de l’épouse de Don Joseph d’Oms en la cathédrale de Perpignan [10].
Si l’épée demeure de rigueur dans certaines circonstances civiles, à l’inverse, l’évolution des formes du costume militaire vers le costume civil s’est accentuée à compter de 1670 à l’instigation de Louvois. L’uniforme complet des militaires, dont de nombreux régiments stationnent en Roussillon, est dès lors formé d’un justaucorps, d’une veste ou gilet, d’une paire de culottes, de bottes, d’une cravate et d’un tricorne [1].
Le Roussillon possède un bataillon particulier, celui des Miquelets ou fusiliers de montagne chargés de la surveillance de la frontière [2].
Leur uniforme est détaillé dans « L’état militaire et ecclésiastique du Roussillon » de 1752. Nous avons la tenue d’un fusilier et d’un officier ainsi que le détail des neuf pièces qui le composent, avec leur nom en français et en catalan. Nous retrouvons le manteau à longues basques ou gambetò, la chemisette (veste plus légère), la matelote (sorte de gilet sans emmanchements), les calsas (culottes), les guêtres longues qui se superposent aux bas, les « espardègnes », le réticule pour tenir les cheveux, la baratina et le baret (tricorne à cocarde).
Le costume particulier des Miquelets [3] n’est pas toujours accepté par les soldats et les officiers provenant de tout le royaume. En 1744, le maréchal de Noailles, gouverneur du Roussillon, s’occupe de la levée de six bataillons de fusiliers de montagne pour renforcer les troupes de la frontière.
Pour plus d’efficacité, « sa majesté veut bien permettre qu’au lieu de drap gris de fer suivant l’ancien usage, la troupe soit habillée en drap bleu avec des parements rouges, mais au surplus elle ne veut pas que les officiers soient habillés à la française, son intention étant qu’ils soient en gambétou, de même que les fusiliers avec tout l’assortiment à la catalane à l’exception des espardègnes ».
Serigny, habillement du Miquelet.
La question fait débat parmi les officiers qui se plaignent à l’Intendant : « ceux-ci sont extrêmement mortifiés d’être obligés de porter le gambétou avec l’assortiment à la catalane, je leur ai dit et fait dire que les hussards et même le régiment royal allemand avaient des habits singuliers ».
Les officiers toutefois soutiennent qu’anciennement les commandants des bataillons et le major étaient dispensés de cette règle et étaient vêtus à la française. Pour clore cette affaire, le maréchal doit menacer de renvoi les contrevenants pour faire accepter l’uniforme si particulier des Miquelets[4].
[2] documenté par l’estampe de P. A. Aveline (BSASL,vol. XCV, p.81).
[3] ADPO, 1C685, Mémoire détaillé des fournitures pour l’habillement du capitaine, du lieutenant, du fusiller et du brigadier du bataillon des fusiliers de montagne, vers 1734.
[4] ADPO, 1 C 686, voir aussi BSASL des PO, 1910, pp. 188-219 et 1987, p.83.
Certaines fonctions requièrent un costume particulier, parfois codifié. Les Consuls de Perpignan ont le privilège de revêtir un habit de cérémonie décrit en 1740 dans le Voyageur François : « l’habit de cérémonie est une robe de damas cramoisie, une fraise au cou et une haute toque de velours fort plissé ». Les robes consulaires sont donc en général d’un rouge soutenu, portées à chacune des réunions comme un honneur.
Toutefois en 1723 les nouveaux consuls ne portent pas la robe, réclamant à l’Intendant d’Andrezel d’en faire fabriquer de neuves aux frais de la ville. L’Intendant leur répond qu’« il est attendu que c’est une nouveauté pour nous que pareille prétention de leur part, depuis sept ans que nous sommes en ce pays-ci, pendant lesquels leurs prédécesseurs ne nous ont jamais fait pareille demande et n’ont pas laissé de paraître toujours en robe dans les cérémonies ordinaires ; que d’ailleurs nous avons appris que les consuls de l’année dernière, à l’occasion du sacre du Roi, en ont fait faire de neuves tant rouges que noires, qu’ils les ont portées en dépense dans le compte de leur consulat, ce qui, par conséquent fait un fonds appartenant à la ville, il est ordonné aux consuls de l’année dernière de remettre, s’ils ne l’ont déjà fait, à la maison de ville les dites robes dont les modernes se serviront [1] ».
Le problème de l’entretien et du renouvellement de la garde robe des consuls est à nouveau l’objet de discussions en 1770 où une délibération permet de remplacer robes et chapeaux « qui sont en vétusté et importables, tellement que les magistrats seront dans peu hors d’état d’apparaître dans les cérémonies publiques, nous touchons au moment à jamais mémorable du mariage de Mgr le Dauphin, et les cérémonies et démonstrations publiques qui se feront à cette occasion exigent que nous nous montrions en public avec décence».
Sortie des Consuls de Perpignan de l’Hôtel de ville, précédés de la musique et des massiers, Carrère, 1787.
L’habit de cérémonie du consul est une fois de plus décrit en 1787 par Carrère. Il indique que « la robe change de couleur pendant le carême, passant du rouge au noir. Elle s’accompagne d’un chaperon de velours porté sur l’épaule [2].» Les cérémonies sont nombreuses et les édiles se déplacent précédés de quatre valets de ville, vêtus eux aussi de la robe rouge et portant sur l’épaule le bourdon d’argent. En civil les consuls portent l’épée de quelque état et condition qu’ils soient. D’autres professions admettent un habit de cérémonie constitué d’une robe de couleur unie et d’un chaperon [3].
Ainsi le doyen de l’Université Joseph Ceilles, possédait deux robes de palais, un bonnet de docteur en médecine à houppe de soie jaune, un capirot de docteur en médecine taffetas noir et devant de moire jaune ainsi qu’une bague d’or à pierre jaune [4].
Pierre Tastu laisse à sa mort sa robe de palais avec ses rabats, confirmant sa fonction de procureur à la Cour du Conseil Souverain ainsi que deux robes noires de pénitent [5]. Cela indique la présence obligatoire des corps de métier et des hautes fonctions politiques dans les processions et les grands offices religieux.
[2] Le roi permet également aux consuls de Pézilla de porter le chaperon de velours ou de damas rouge, 21 janvier 1688, ADPO, 2B54, f°10.
[3] Les docteurs en droit par exemple ont un anneau et un chaperon (al capirot) composé d’une bande d’étoffe en satin rouge bordée de dentelle et constellé de boutons d’or. Par derrière pendait une queue en soie noire. Le capirot s’agrafait sur l’épaule gauche. Jampy, (M), « Frais d’examen de docteur en droit en 1761 », Revue historique et littéraire du diocèse de Perpignan, N°77, 1927. Les docteurs en droit ont aussi un insigne garni d’une dentelle en or.
[4] ADPO, 3 E 22/255, 1783. Il semble que la couleur de la pierre de l’anneau soit assortie au capirot, ce qui en ferait un signe distinctif. Ceilles était aussi protomédic (contrôleur de la médecine) de la province de Roussillon.
Les confréries religieuses et de riches personnages ont souvent œuvré à doter des jeunes filles pauvres pour leur permettre un mariage honnête. Les douze mariages, organisés à Perpignan par le Comte de Mailly, à l’occasion de la naissance du dauphin en 1781, en sont un très éloquent exemple.
Portrait du Comte de Mailly par Monet en 1781, Musée Rigaud, Perpignan.
« La ville de Perpignan se distingua dans ces fêtes par la distribution d’aumônes aux pauvres, et par la célébration de douze mariages de douze filles pauvres et vertueuses, qui furent dotées et habillées, ainsi que leurs maris, par Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly. Le jour de la cérémonie fut fixé au lendemain du Te Deum, où les douze mariées, avec les douze époux qui leur étaient destinés, ayant été conduites par Mrs les curés de la ville qui les avaient choisis, chez Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly, il leur fut remis à chacun une médaille d’argent, où l’on voit d’un côté le buste de la Reine ; et de l’autre, un emblème représentant la Bienfaisance, appuyée de la main gauche sur un bouclier aux armes de la Reine, et de la droite invitant un groupe de jeunes gens à s’approcher de l’Autel de l’hymen, au dessous duquel sont gravées les armes du Dauphin. La légende de la médaille portant : la bienfaisance ordonne leur union ; et au dessous du type : Mariage de douze filles de Perpignan, à l’occasion de la naissance du dauphin, 8bre 1781. Ces médailles auxquelles tenaient des anneaux, étaient portées par les filles au cou, en forme de médaillon, soutenu par un ruban bleu ; et les garçons les portaient à la boutonnière, attachées par le même ruban. Il leur fut remis en même temps à chacun l’anneau d’or, et une pièce de mariage en argent, présentant un emblème avec cette légende : in omni modo fidelis ; emblème symbolique répondant en même temps au titre de très fidèle, dont les rois ont toujours honoré la ville de Perpignan, à la fidélité conjugale, et à celle d’un sujet. Tout étant préparé pour la cérémonie, ils furent conduits, précédés de la musique du pays, à la cathédrale, qui avait été parfaitement décorée, et placés dans le sanctuaire, où Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly se rendirent. La cérémonie étant finie, Monsieur et Madame la Comtesse de Mailly sortirent du sanctuaire, les mariés étant à leur suite, d’où ils furent conduits à l’Hôtel du Commandement, où ils furent servis à une table de soixante couverts, chaque marié ayant été autorisé à amener ses parents. Il y eut de la musique pendant le repas, après lequel ils furent conduits sur une des places de la ville, où ils étaient attendus pour commencer les danses qui durèrent avant dans la nuit.[1] ».
Dans l’intimité des familles
L’habit nuptial est remis en dot par les parents de la mariée. Généralement il s’agit d’un habillement neuf complet, accompagné d’une parure composée d’un anneau nuptial ou bague dite « masseta », d’une croix avec son coulant en forme de cœur, et de boucles d’oreilles. La liste en est consignée dans l’acte de mariage.
Les ensembles les plus complets des classes populaires se composent de : « unas faldillas, gipo, manegas, caputxo de poe de seda, devantal[2]», c’est-à-dire jupons, corset, manches, capuche de pou-de-soie et tablier. La nécessité impose dans les milieux populaires un habillement utilisable pendant de longues années.
Cécile Matillo qui se marie à Prats de Mollo le 9 septembre 1781, reçoit en dot « des habits nuptiaux consistant en un corps de camelot, un jupon de mignonette, un autre corps d’étamine du Mans, une autre jupe de doucette noire, une autre de popeline double minime, une autre de serge noir, une autre d’indienne bleue, enfin un capuchon de gros de Naples et un autre de voile noir[3]. »
Il s’agit donc d’un trousseau et non d’un habit complet blanc comme la tradition du mariage en robe blanche l’imposera bien plus tard.
[1] Imprimerie de Joseph-François REYNIER, imprimeur du Roi, rue saint-Jean, Perpignan. ADPO, 18 J 2, archives Ducup de Saint Paul.
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